Rire sur France Inter - 12
Née en septembre 1991, Rien à cirer connut un succès immédiat, et devint l’émission la plus écoutée de France Inter. Bientôt, cette radio fut la deuxième station du pays pour le taux d’écoute, après RTL, avant NRJ et Europe 1. Ce succès incita le directeur des programmes, Pierre Bouteiller, à en augmenter la fréquence dès l'année suivante, et Rien à cirer, durant une année, fut à la fois quotidienne du lundi au vendredi, non moins qu’hebdomadaire, puisqu’on rediffusa le dimanche les meilleurs extraits de la semaine précédente.
Pour comble, la télévision fit des offres à Ruquier, et, pendant quelques mois, il y eut deux Rien à cirer par jour : à midi sur France Inter, puis en fin d’après-midi sur Antenne 2, et toujours en direct. Ce rythme infernal ne pouvait être tenu longtemps, les redites agaçaient peut-être la fraction du public qui suivait les deux versions, et surtout, la formule à base de sketches écrits en hâte pour une diffusion unique à la radio ne convenait guère à la télévision… laquelle remercia Ruquier au bout de quelques mois. L’année suivante, et toujours sur France Inter, on en revint d’abord à une seule émission par semaine, le dimanche matin, comme au début, puis de nouveau à une quotidienne, du lundi au vendredi.
L’échec relatif de sa tentative télévisée ne servit pas de leçon à Ruquier : à la rentrée de septembre 1995, on apprit avec stupeur que l’émission passait, avec de gros moyens financiers, sur TF1 ! Dans l’esprit des concepteurs de cette chaîne, qui s’étaient hypocritement engagés à rester les « mieux-disants culturels » du P.A.F., elle devait rameuter les téléspectateurs afin qu’ils restent plus nombreux, ensuite, devant le Journal de 20 heures. Mais l’esprit de Rien à cirer était à ce point en contradiction avec les impératifs ultra-commerciaux et la vulgarité crasse de « Télé-Poubelle » qu’on ne prédit pas un grand avenir à la nouvelle mouture, rebaptisée Les Niouzes. En effet, elle dura… cinq jours.
Cette fois, Ruquier se le tint pour dit et revint à la radio, qu’il n’avait d’ailleurs pas quittée, ayant conservé sur France Inter une émission matinale quotidienne, Les p’tits déjs. Il récupéra Rien à cirer dans la foulée.