Rois mages ?

Publié le par Yves-André Samère

Tout le monde vous dira que Jésus est né dans une crèche, c’est-à-dire une étable, que des rois mages ont été avertis de sa naissance, qu’ils ont suivi une étoile pour se laisser guider jusqu’à Bethléem, qu’ils étaient trois, s’appelaient Gaspard, Melchior et Balthazar, et qu’ils ont offert au bébé de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

Or, à supposer que le Nouveau Testament soit un livre d’histoire et qu’on puisse croire ce qu’il raconte, il ne relate à peu près rien de tout cela ! Autrement dit, cette anecdote n’est qu’une légende postérieure à la rédaction de la Bible.

D’abord, les fameux « rois mages » ne sont évoqués que par l’évangéliste Matthieu ; Luc mentionne des bergers, les autres auteurs ignorent l’épisode. Ensuite, il n’est dit nulle part que ces personnages étaient rois, Matthieu ne parle que de mages, que d’ailleurs il ne décrit en aucune manière. Même leur nombre, trois, n’est pas évoqué : ce nombre est seulement celui des cadeaux dont parle l’évangéliste. Ce nombre de mages est apparu, non dans les évangiles, mais dans un écrit d’Origène, théologien grec des deuxième et troisième siècles, qui voyait dans cette visite des mages une analogie avec celle que rendirent à Isaac trois personnages – selon le livre 26 de la Genèse, verset 26 –, nommés Abimelek, Ahuzzat et Pikol. En réalité, les noms de Balthazar, Melchior et Gaspard ne sont apparus que dans un manuscrit du VIe siècle, et sous la forme Bithisarea, Melichior et Gathaspa.

Le plus étonnant est que, dans les églises chrétiennes, cette histoire de crèche et de rois mages soit prise au sérieux (alors que les prêtres savent très bien ce qu’il en est), et donne lieu à la construction, chaque année, d’une crèche proposée à la dévotion des fidèles. L’église Saint-Eustache, dans mon quartier, va jusqu’à exhiber une crèche permanente, très naïve, fabriquée par les anciens marchands de fruits et légumes des anciennes Halles, qui se trouvaient là autrefois. Explication : la légende rapporte des sous, déposés dans les troncs un peu partout par les personnes crédules !

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