Sécuriser les voyages présidentiels ? Pourquoi ?
Ainsi donc, François Hollande a décidé que, désormais, ses voyages officiels se feraient le plus souvent possible en train, et non plus en avion. Bien entendu, l’opposition, qui fait feu de tout bois, y a vu on ne sait quelle manifestation de frime, argüé que tout cela ne relevait que de la communication (on sait que Sarkozy ne faisait jamais rien pour la com’), et soutenu que le train s’avère plus coûteux que l’avion puisqu’il faut sécuriser tout le trajet, que le personnel de sécurité est alors pléthorique, les dispositions à prendre, compliquées, et qu’en somme, les prédécesseurs du président actuel visaient à l’économie. J’adore ce type de raisonnement, pas du tout fondé sur la mauvaise foi.
La question que personne ne semble s’être posée, néanmoins, est celle-ci : pourquoi diable faudrait-il « sécuriser » tous les déplacements d’un président de la République ? Devrait-il faire comme le pape, qui pourtant n’a certes pas la crainte d’un attentat susceptible de l’envoyer plus vite auprès de son Créateur (ou alors, le pape ne croit pas en Dieu), et ne plus se déplacer qu’en papamobile ou équivalent ?
Repassons le film au ralenti : depuis que la Cinquième République a été instaurée, y a-t-il eu beucoup d’attentats contre les présidents ? Certes, il y en a eu un contre De Gaulle, mais il avait accumulé contre lui les motifs de haine de milliers de Français, et le seul attentat qu’on a monté contre lui n’a, finalement, coûté la vie qu’à son instigateur, le colonel Bastien-Thiry, qui l’avait raté mais n’en a pas moins été condamné à mort et fusillé. Il y a bien eu cet attentat contre Chirac, raté aussi (l’attentat, pas Chirac), mais ce n’était pas au cours d’un voyage, cela s’est passé sur les Champs-Élysées.
Il est donc facile d’en déduire que tous ces processus de sécurisation ne relèvent que d’une paranoïa imitée des mœurs états-uniennes, et que nos présidents peuvent très bien s’en passer.
Et puis, franchement, un attentat contre un train, vous croyez que c’est facile à concevoir, organiser, exécuter ? Il n’y en a jamais eu, en fait. Le seul voyage en train dont un président ait eu à souffrir, et qui ne résultait pas d’un attentat, c’est celui de ce malheureux Paul Deschanel !