Séparation des pouvoirs
Il a eu raison, François Fillon, Premier ministre à ses très nombreux moments perdus, de remettre à sa place Henri Guaino, le célèbre nègre de Sarkozy. Les conseillers de l’Élysée n’ont aucune légitimité pour décider de la politique du gouvernement ; pas même pour donner leur avis sur les décisions des ministres. Un conseiller n’a aucune fonction officielle, il conseille, on suit ses avis ou pas, mais il n’a aucune place dans l’organigramme de l’exécutif.
Par conséquent, un ministre qui, le petit doigt sur la couture du pantalon, obéirait aux caprices d’un conseiller de l’Élysée, doit être considéré comme une simple lavette – mais c’est une pure hypothèse, on n’ose pas croire que cela existe en France.
Allons plus loin : tout membre du gouvernement qui se respecte devrait avoir à cœur d’envoyer sur les roses jusqu’au secrétaire général de l’Élysée, le tristement célèbre Claude Guéant, qui, après tout, n’est jamais qu’un ancien préfet – de ces gens qu’on fait valser à la première manifestation hostile du peuple envers Sa Majesté. Secrétaire général de l’Élysée, Guéant a la haute main sur le personnel de la Présidence, théoriquement, et rien de plus. Comme tel, et comme un maître d’hôtel chez les aristos, il peut donner des ordres aux chauffeurs, aux jardiniers, aux cuisiniers, au personnel d’entretien, mais pas aux ministres ! Si la politique le tente, que Sarkozy le nomme Premier ministre.
(En revanche, Fillon a eu tort de s’estimer en droit de sermonner les députés et de les rappeler à un devoir d’obéissance qui est absolument anticonstitutionnel. La séparation des pouvoirs, qui veut que les élus ne sont nullement soumis à une quelconque discipline vis-à-vis de l’exécutif, n’est pas une plaisanterie. On avait d’ailleurs cru que le président de la République avait fait réformer la Constitution afin de donner davantage de pouvoir au Parlement. Ce serait donc un poisson d’avril ?)