Si le roi savait ça, Isabelle...
« Dépoussiérer » – comme ils disent – son style en malmenant un peu la syntaxe ou le vocabulaire, je trouve cela très bien si on le fait exprès, et que cette volonté est visible. Montherlant faisait des fautes de français, mais elles étaient volontaires et ostensibles. Frédéric Dard aussi ; par exemple, quand son personnage disait « La colère m’empare » plutôt que « La colère s’empare de moi ». Ils le savaient bien, qu’ils bousculaient l’usage, mais ils faisaient savoir qu’ils le savaient (ça va, vous suivez ?).
Mais faire des fautes de français parce qu’on ignore les règles, ce n’est pas un signe d’originalité ; seulement une preuve d’inculture.
Aujourd’hui, sur France Inter, cette pauvre Isabelle Giordano demande à Francis Huster « Que pensez-vous avoir échoué dans l’éducation de vos filles ? ». Nous apprenons ainsi que le verbe échouer est devenu transitif, autrement dit, qu’il peut accepter un complément d’objet direct, et qu’on peut échouer quelque chose. Elle suit donc le chemin criblé d’ornières qu’empruntent les millions d’ignares qui démarrent une voiture ou débutent une carrière, probablement parce qu’ils ont échoué leur scolarité.
Cela tombe bien : aujourd’hui, c’est la rentrée des classes. La chère Isabelle va pouvoir y retourner.