Si t’es beau...

Publié le par Yves-André Samère

Lorsqu’un jeune acteur débute, s’il a le malheur d’avoir une jolie figure, on lui prédit automatiquement l’échec, en vertu de cette règle aussi nuancée qu’intelligente, et dont Françoise Dorin a fait une pièce : Si t’es beau, t’es con.

À vrai dire, ce jugement – un peu hâtif peut-être – n’a cours qu’en France. Je me souviens qu’un célèbre violeur de gamines, très apprécié du Tout-Paris pour ses films qui, personnellement, m’ont toujours rasé, avait dit ceci dans « Courrier international » le 7 mai 1997 : « C’est une mode d’être laid en France, et la plupart des acteurs sont franchement moches. Les Français aiment le réalisme ; ils pensent que si les comédiens sont trop beaux, le film ne ressemble pas à la réalité, il a l’air d’un film ».

Rétrospectivement, certains de ceux qui ont été classés trop beaux pour ne pas être stupides doivent se marrer sous cape, voire ouvertement, pour ceux qui sont encore en vie : Alain Delon, Louis Jourdan, Brad Pitt, Montgomery Clift, Jean Sorel, Horst Buchholz, Leonardo DiCaprio, Dean Stockwell, Charlton Heston (oui, il a débuté à 18 ans dans Peer Gynt, en 1941, et il était ravissant)... et j’en oublie des dizaines.

La vérité est que le métier d’acteur n’est pas difficile. Si vous avez la chance de pouvoir jouer assez longtemps, vous devenez compétent parce que vous avez appris, et, accessoirement, le public se met à vous apprécier, pour une raison apparemment curieuse mais logique : on s’est habitué à vous, à votre manière de vous comporter sur scène et à l’écran, vos défauts éventuels deviennent des traits caractéristiques de votre personnalité, et l’on ne vous remet plus en question. De cette force de l’habitude, les exemples abondent. Voyez Belmondo à ses débuts, puis en fin de carrière : il joue exactement de la même façon, mais les tics dont il était affligé à ses débuts sont devenus des qualités au fil des années. Et Yves Montand, considéré à son âge mûr comme un grand acteur, vous l’avez vu à ses débuts, dans Les portes de la nuit, en 1946, et même dans Le salaire de la peur, sept ans plus tard ? Il était mauvais comme un cochon ! Ça n’a rien empêché.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
À cela près que Louis de Funès, qui n’avait pas une « jolie figure », n’a jamais été un JEUNE acteur, puisque, d’abord pianiste de cabaret, il n’a débuté au cinéma qu’à 34 ans (en<br /> 1946, dans un film qui ne le mentionnait pas au générique).<br /> <br /> Pour son jeu, c’est vrai.
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D
Un exemple, parmi d'autres, Louis De Funès qui a toujours joué de la même façon pendant toute sa carrière.
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