Sinistre 19 mars
Date doublement sinistre que le 19 mars. Il y a eu les crimes de Mohammed Merah, commis dans une école juive de Toulouse il y a juste un an. N’y revenons pas, les médias s’en chargent.
Il y a eu aussi le 19 mars 1962. On a entendu ce matin sur France Inter une interview d’un représentant de la FNACA, laquelle a milité durant des années pour que cette date soit adoptée officiellement par le gouvernement, afin de commémorer la fin de la guerre d’Algérie, et qui a fini par obtenir satisfaction de la part du gouvernement socialiste. Or il faut savoir que la FNACA – la Fédération Nationale des Anciens Combattants d’Algérie – est entièrement noyautée par les gaullistes, ce qui lui retire toute objectivité. Pour les gaullistes, De Gaulle est le pacificateur, celui qui a mis fin à la guerre d’Algérie. Ces braves gens oublient ou feignent d’oublier que c’est lui, aussi, qui a été à l’origine de son éclatement, puisque c’est le 8 mai 1945, alors qu’il était à la tête de l’État, que fut sévèrement réprimée, notamment à Sétif, les manifestations des Algériens qui exigeaient d’avoir les mêmes droits, en Algérie, que les Français. Comprenant qu’ils n’auraient jamais satisfaction, les intéressés se sont tournés vers la rebellion armée, et ce n’est pas étonnant.
En fait, le 19 mars 1962 n’a que théoriquement constitué la fin de la guerre d’Algérie. En réalité, tout le monde sait que cette date a seulement marqué l’interdiction, pour l’armée française en Algérie, d’intervenir afin de protéger ceux qu’elle était chargée, justement, de protéger : les Français d’Algérie et les harkis, ces Arabes qu’on avait recrutés dans ladite armée, avec promesse (de De Gaulle !) de leur assurer un avenir dans la Nation française, en toute sécurité. En réalité, on les a virés de l’armée, et ils ont été horriblement massacrés. Et ce n’est pas être « de droite », comme disent les imbéciles, que de rappeler cette vérité. Lire ICI un article paru dans le « Huffingfton Post », qui ne passe pas pour l’organe d’on ne sait quels fascistes ! Et certaines associations, justement indignées, ont émis des protestations, qu’on a refusé d’entendre.
Ce matin encore, Christian Estrosi, maire de Nice, a déclaré qu’il ne fêterait pas le prétendu cessez-le-feu dans sa ville, et a cité « trente mille harkis » massacrés en Algérie. Il est bien au-dessous de la vérité. On ne saura évidemment jamais combien il y en eut, puisque leurs assassins n’ont, bien sûr, pas fait de comptage. Mais la plupart des historiens balancent entre quarante mille et cent quarante mille victimes. Ce crime, car il n’y a pas d’autre mot, est imputable à De Gaulle seul, qui avait INTERDIT à l’armée de rapatrier ces malheureux. Heureusement, beaucoup d’officiers français ont pris le risque de lui désobéir. S’il y a en France des descendants de harkis, c’est à eux qu’on le doit.