Télé : « Looking for Nicolas Sarkozy »
Hier soir, Arte diffusait le dernier téléfilm de William Karel, intitulé Looking for Nicolas Sarkozy. Or, déception, ce documentaire ne nous apprenait rien et n’avait aucune originalité.
William Karel, pourtant, est un spécialiste du décryptage intelligent des processus permettant d’utiliser les médias pour bourrer le crâne des gens. En 2004, il avait fait Le monde selon Bush, qui n’était pas piqué des vers, mais son chef-d’œuvre était, à mon avis, Opération Lune, datant de 2002, et que je vous engage à vous procurer. Thème de ce dernier : feindre de démontrer que le débarquement des hommes sur la Lune, en juillet 1969, n’avait jamais eu lieu, et que les images montrées alors par les télévisions du monde entier étaient en fait un faux documentaire, fabriqué à Londres par… Stanley Kubrick. Le tout, à grand renfort de témoignages, dont ceux d’Henry Kissinger et de Christiane Kubrick ! Les téléspectateurs un peu attentifs décelaient assez vite la supercherie, tant elle était grosse, et riaient sous cape, mais, si le pot-aux-roses n’avait pas été révélé à la fin du film, je suis persuadé que beaucoup auraient vraiment cru à ce bobard !
Le téléfilm d’hier soir sur Sarkozy visait à montrer que Sarkozy, en dépit de ses incessantes opérations de com’, n’a aucun prestige à l’étranger – ce que prouvaient les interviews de dix-huit journalistes états-uniens, israéliens, africains ou européens, en poste à Paris, agréés à l’Élysée, et très au fait de la politique française. Leurs interventions étaient entrecoupés d’extraits de reportages filmés, malheureusement déjà vus et revus, et qui ne nous révélaient rien.
Il ressort de tout cela que Sarkozy, qui adore tenter de faire croire qu’il copine avec tous les Grands de ce monde, en est, hélas pour lui, dédaigné, voire méprisé : Angela Merkel, Barack Obama, les Premiers ministres britanniques successifs, le pape, personne ne peut le supporter, à cause de sa vulgarité, de sa manie de tripoter les gens (madame Merkel a horreur qu’on la touche, et déteste ses embrassades et ses palpations), de ses plaisanteries de garçon de bain, de cette rage consistant à se mettre sans cesse en avant, de tout ce que nous montre chaque jour la télévision, et cela dure depuis presque cinq ans.
Sa politique n’était pas épargnée, non plus que son absence totale de convictions, ses « coups » politiques, sa perpétuelle navigation à vue, son immaturité mentale, et ses appels du pied répugnants destinés à piquer des voix au Front National, qui ont été passés au crible, et c’est édifiant – même si, occasionnellement, il a pu, en politique étrangère, se conduire de manière adéquate, voire digne.
Mais, je le répète, tout cela, on le savait. Je n’ai eu l’attention attirée que par un seul détail, qui ne le concernait du reste pas : Sarkozy s’était rendu aux obsèques d’une femme, de la police je crois, et discourait comme toujours sur le mode « plus jamais ça ». Or Carla assistait à la cérémonie, et une caméra la filmait de loin au téléobjectif. Surprise, elle apparaissait en gros plan, et des larmes ont commencé à couler sur son visage. On n’avait jamais vu ce genre de réaction de la part de l’épouse d’un président.
De tout le film, il ne reste que ça.