Une fiesta socialiste
Il se passe toujours quelque chose, non pas à la Samaritaine puisque ce grand magasin, qui occupait quatre immeubles, n’existe plus, mais chez les socialistes. Ainsi, Julien Dray, l’amateur de montres (très chères, mais chez un défenseur du petit peuple, c’est normal), avait invité ses camarades par ce message électronique : « Je compte vivement sur votre présence et il va s’en dire [sic] qu’aucune excuse et aucune absence ne sera tolérée ou acceptée. Bises et à samedi. Juju ». Cent cinquante personnes ont répondu à l’invitation, et se sont bousculées au « J’ose », restaurant-bar sis au 147 rue Saint-Denis – à deux pas de chez moi, et je passe souvent par là. À vrai dire, Juju ne s’est probablement pas ruiné (les deux plats les plus chers, le foie gras et l’assiette ibérique, sont à 16 euros), et n’a pas dû devoir vendre l’une de ses toquantes ultra-coûteuses afin de régler la douloureuse, car cette mangeoire, quoique installée sur trois niveaux, ne paye pas de mine avec sa lugubre façade grisâtre, entre le passage du Grand-Cerf et le parking Vinci. Mais enfin, il y avait du beau linge : les députés Jean-Marie Le Guen et Jean-Christophe Cambadélis, Nathalie Bidermann, Michel Boujenah, Yvan Attal, Jean-Pierre Elkabbach, Hélène Rolles (ancienne actrice pour Hélène et les garçons), MC Solaar, Daniela Lumbroso, Claude Bartolone, Jean-Vincent Placé. Et surtout, Dominique Strauss-Kahn et son épouse Anne Sinclair.
Deux fausses notes. D’abord, attirer Anne Sinclair dans un endroit pareil, rue Saint-Denis (il n’y avait pas de restaurant rue Blondel ?), elle qui est habituée aux quartiers chics comme Tribeca (New York) ou la place des Vosges (Paris), c’est une faute de goût. Ensuite, la chère Ségolène Royal était venue avec sa fille, mais, quand elle a su que DSK était là, elle s’est d’abord réfugiée au bar, puis est partie peu après 23 heures sans l’avoir vu ; or c’est la faute de Dray : s’il avait plutôt choisi le restaurant voisin, à dix mètres de là, elle se serait peut-être amadouée : il s’appelle Le Royal !
En revanche, repoussons d’un pied dédaigneux les vannes grivoises, comme celle qui prétend que si DSK s’est dérangé, c’est parce que l’établissement est installé dans les locaux d’une ancienne sex-shop !