Vie privée, mais partiellement
Je n’avais jamais entendu parler de Richard Descoings, ce directeur de Sciences Po mort il y a quelques jours dans une chambre du Michelangelo, à New York, mais, dès que certains détails ont été connus (retrouvé mort, « nu dans son lit » – précision complètement ridicule si la mort était naturelle), j’ai subodoré que ce type était gay. Qu’il y ait eu dans sa chambre de l’alcool et des médicaments à proximité, un certain désordre, que des témoins aient affirmé avoir entendu des bribes de conversation, que des « garçons » lui auraient rendu visite, que son ordinateur portable et son téléphone aient été jetés quatre étages plus bas, tout cela, sans être des preuves décisives, mettrait la puce à l’oreille de n’importe qui. Et son homosexualité a été confirmée dans les jours qui suivent, mais seulement sur Internet, puisque, à leur habitude, les journaux français se sont montrés d’une exquise pudeur. Seul un site anglais, The slog, alors en parla.
Or c’était vain, puisque, de son vivant, Descoings ne se cachait pas. Il avait même proclamé être « le premier pédé de Science-Po », bien que marié avec une femme qui avait déjà deux enfants et qui savait tout de lui. Mieux, un de ses anciens élèves déclara : « Je me souviens l’entendre faire des allusions à ça dans des discours en petit comité à l’école. Il était engagé, et plus encore dans les dernières années. Je crois qu’il avait été sur le char de l’école durant une Gay Pride ». On a connu des directeurs d’école plus discrets, mais cela restait confiné à la connaissance d’un certain milieu, le sien, et les autres n’avaient pas le droit de savoir.
Aujourd’hui, revers de la médaille, les langues se délient et n’en ont que plus de virulence, ce qui fait quelques dégâts, puisqu’on a révélé le nom de son amant en titre, pas moins que Guillaume Pépy, le patron de la SNCF.
Il serait peut-être temps que les mœurs évoluent un peu, et que chacun devienne indifférent aux préférences sexuelles d’autrui. On pourra parler d’autre chose, alors.