Visitez l’Arabie Saoudite !
Ah ! Il n’est pas du genre téméraire, not’ bon président. Et, en dépit de sa lointaine promesse macarthuro-schwarzeneggerienne (« Je reviendrai ! ») de faire prochainement, et même avant, une nouvelle visite sur la dalle d’Argenteuil, il a, en guise de banlieue, préféré s’en tenir à Neuilly. La province, alors ? Certes, il y va souvent, mais entouré de mille policiers pour le protéger, et après avoir composé la foule applaudisseuse avec des éléments choisis – je veux dire, choisis dans son parti, l’UMP.
Bien. Les voyous de la banlieue, les péquenots de la province, ça c’est fait, comme disent les mauvais humoristes. Qu’est-ce que j’ai bien pu oublier ? s’est-il demandé. Bon sang mais c’est bien sûr ! Il restait les maires de France. Et dire qu’ils sont trente-sept mille, dont quelques-uns ont le mauvais goût d’appartenir à l’opposition. Or leur congrès, auquel il avait promis d’assister, tombait d’autant plus mal qu’on s’apprête à leur couper un peu les vivres en supprimant une taxe professionnelle qui garnissait bien leurs caisses. Danger !
N’écoutant que son courage qui ne lui disait rien (merci à Jean Rochefort !), le chef de l’État que Dieu a donné à la France a trouvé LA solution : il s’est découvert une subite envie de voyager, pas n’importe où, non, mais dans le pays le plus attirant qui soit pour un démocrate, l’Arabie Saoudite. Ses porte-coton n’ont eu aucun mal à soutirer au roi de cette riante contrée une invitation pour quelques jours, ce qui n’a pas été difficile, le président français étant au mieux avec tout ce que la planète compte de milliardaires.
Et c’est ainsi que Fillon, Premier ministre, a hérité du cadeau : aller se faire siffler par les maires, y compris ceux de son parti. C’est grand.