Vivent les États-Unis !
Si vous me lisez sur votre smartphone, debout dans le bus ou le métro, je vous conseille de gagner au plus vite une place assise, car vous risqueriez de tomber. De surprise. Car en effet, comme disent les gens qui savent causer français comme pas un, je vais dire du bien des États-Unis. Avouez que ça vous la coupe.
Pas de TOUS les États-Unis. Seulement de leurs citoyens, et des riches plus précisément. Seconde surprise, donc. Voyons cela sous l’angle des impôts, via une comparaison avec ce qui se passe en France.
En France, c’est notoire, nous détestons payer des impôts. Il faut reconnaître qu’ils sont du genre gratiné. En conséquence, nous faisons tout pour éviter d’en payer ; ou du moins, pour en payer le minimum. Ainsi, le plus souvent possible, nous nous faisons rétribuer en liquide, pour ne laisser aucune trace (n’est-ce pas, cher docteur ?) ; si nous en avons les moyens, nous nous exilons en Belgique (n’est-ce pas, chère Emmanuelle, chers Gérard, Daniel, José, Christophe ?), en Suisse (n’est-ce pas, chères Isabelle, Amélie, Nana, Patricia, chers Alain, Charles, Johnny, Christian, Guy, Jean-Claude, Henri, Jo-Wilfrid, Gaël, Richard, Sébastien, Yannick ?), voire en Patagonie (n’est-ce pas, cher Florent ?) ; ou encore, plus sophistiqué, nous nous faisons admettre dans une famille régnant sur une principauté d’opérette où les impôts sont une incongruité (n’est-ce pas, cher Gad ?). Alors, bien sûr, pour ceux qui ne peuvent pas s’offrir ce luxe, nous payons, mais nous récalcitrons, pressés, mais résignés.
Aux États-Unis, on l’a vu ces dernières années, les milliardaires en dollars réagissent différemment, et réclament parfois d’être imposés davantage. Généreux, ils veulent bien ouvrir leur portefeuille, mais à condition de ne pas y être forcés. Voilà toute la différence. Ainsi, Warren Buffett, qui est un génie de la spéculation en Bourse, multi-milliardaire, et dont le fonds est copié un peu partout dans le monde, a révélé dans une interview qu’il était imposé à 17,7 %, alors que ses employés l’étaient à... 32,9 %. Sa conclusion : le fisc favorise les riches.
Hélas, l’administration des États-Unis est impitoyable : elle refuse de les pressurer davantage (de les pressuriser, dirait Bernard Guetta). C’est l’enfer, finalement, là-bas. Et, de guerre lasse, ils font des dons ou créent des fondations charitables.
C’est pourquoi je me permettrai de suggérer ceci à notre Premier ministre tout neuf que la Providence, dans son incommensurable bonté, vient de nous accorder : qu’il supprime l’obligation des impôts directs, et table désormais sur notre générosité. On connaît quelques théâtres où l’on ne paye pas en entrant, mais où on laisse ce qu’on veut en sortant, si on est satisfait. Je ne doute pas que ce système fonctionnerait à merveille en France aussi. Après tout, c’est bien le mode de fonctionnement du Téléthon et du Sidaction.