Trop de « trop »
Ils sont parfaitement incompétents, ces parents qui laissent leurs enfants dire « trop » à la place de « très » – encore un mot qui a complètement disparu du vocabulaire. On entend ainsi des absurdités, telles que celles dont sont farcies les publicités à la télévision : mon poney s’appelle Belle, parce qu’il est trop belle [sic] ; ou je me gave de pâtisseries, parce que c’est trop bon ; ou cette voiture me plaît, parce qu’elle est trop rapide.
Ce n’est pas un détail, parce que confondre un superlatif comme très, qui ne comporte aucune nuance de jugement, avec un comparatif comme trop, qui est péjoratif car il indique un excès, est la première étape vers la confusion des valeurs. On en voit la conséquence, en ce que la majorité des gens ne savent plus ce qu’ils disent, donc ils disent n’importe quoi.
(Oui, je sais Bossuet a lui aussi employé trop dans ce sens erroné de beaucoup, c’était dans l’oraison funèbre de Louis de Bourbon, alias le Grand Condé)