C’est vrai, c’est dans le journal
Burlesque, cette nouvelle de la mort de Martin Bouygues, publiée par la très sérieuse Agence France-Presse : quelque part dans un obscur village, un M. Martin meurt. La nouvelle arrive on ne sait comment à l’AFP, qui vérifie en téléphonant au maire, lequel confirme : oui, M. Martin est mort dans sa commune. Personne ne songe à demander si c’est bien Martin Bouygues qui a cassé sa pipe, ni même à vérifier si Bouygues habite ce village – ce n’est pas le cas. La nouvelle, qui était archi-fausse, se répand comme une traînée de poudre, et, en quelques heures, tous les médias annoncent la catastrophe, y compris les chaînes possédées par Bouygues. Un comble.
Elle sera démentie assez vite, et les charlots passeront le reste de la journée à s’excuser auprès du public.
Pourquoi je raconte ça, que tout le monde connaît déjà ? Parce que des fausses nouvelles publiées dans la presse, ce n’est pas la première fois qu’on en rencontre. Et comme je ne lis guère les journaux, j’ignore si quelqu’un a rappelé l’histoire suivante, que connaissent bien les gens qui s’intéressent à la question.
Le 8 mai 1927, les aviateurs français Charles Nungesser et François Coli, parti de France, tentent la traversée de l’Atlantique à bord de leur avion, l’Oiseau blanc. C’était une première, puisque Charles Lindbergh ne devait faire le même parcours que deux semaines plus tard, et dans l’autre sens. L’évènement est bien entendu très médiatisé, et tous les journalistes de la planète font la chasse au scoop. Mais certains sont trop pressés, et, sûrs du succès de la traversée, font un peu d’anticipation. Le journal « La Presse », qui a préparé d’avance un compte-rendu aussi triomphaliste qu’imaginaire de l’atterrissage à New York de Nungesser et Coli, le publie sans attendre, histoire de griller les chers confrères. Et patatras ! L’avion n’est jamais parvernu à destination, et on cherche encore ce qui a bien pu arriver aux deux aviateurs.
Le scandale a été tel que « La Presse » a fermé ses portes, et le titre a disparu.
Et maintenant, dites-moi quel organe de presse a disparu après l’annonce bidon de la mort de Bouygues !