Langue française : régression ou progression ?

Publié le par Yves-André Samère

Sans être un admirateur forcené de Bernard Guetta, chroniqueur de France Inter spécialisé dans la politique étrangère – mais aujourd’hui, le dernier chic est de dire « géopolitique » –, je suis obligé de reconnaître que ses analyses sont le plus souvent pertinentes et qu’il est bien renseigné. Ce matin, comme c’est aujourd’hui la journée de la langue française (sic), il a osé clamer que notre langue ne régresse pas du tout, comme on le croit souvent, mais qu’elle gagne du terrain sur tous les continents, puisque de plus en plus nombreux sont les habitants de la Terre qui apprennent le français, resté une langue internationale, c’est-à-dire parlée aux Nations-Unies. Je me permets simplement de corriger : elle ne régresse qu’en France, grâce aux efforts conjugués des radios et télévisions, qui font tout ce qu’elles peuvent en faveur du charabia. Y compris France Inter. Et quand je veux avoir une précision sur l’usage du français, je vais sur un site québécois, pas sur un site français puisqu’il n’y en a presque pas.

Autre précision, il est faux qu’en France on lise de moins en moins. Pour ma part, ce serait plutôt le contraire, mais il m’est difficile d’évaluer ce phénomène, puisque je n’ai jamais cessé de lire depuis l’âge de cinq ans, et que, aux livres sur papier, j’ai depuis un an ajouté la lecture des livres électroniques – et pour cause, ils sont gratuits !

Et puis, il y a ce point que France Inter a effleuré (mal) ce matin : la question de « l’envahissement » de notre langue par des termes anglais. C’est une baliverne, les Britanniques nous envahissent beaucoup moins que nous envahissons leur langue ! De toute façon, j’applique pour mon compte le principe suivant : bannir tout mot étranger dès lors que l’équivalent existe en français. C’est simple et de bon sens. Dans le cas contraire, le mot étranger ne me gêne en rien, et je l’utilise. Ainsi, je ne vois aucun mal à dire week-end (ou weekend) de préférence à fin de semaine, pour la raison évidente que week-end comporte une nuance que fin de semaine n’a pas, la notion de REPOS hebdomadaire. Chez nous, une fin de semaine, c’est seulement... la fin de la semaine, avec en supplément une erreur de calendrier, puisque nous croyons y inclure le dimanche – alors que ce jour n’est PAS le dernier de la semaine, mais le premier de la semaine suivante ! De même, je me qualifie volontiers de webmaster des sites que j’ai bricolés, puisque l’équivalent français n’existe pas. En revanche, je préfèrerais me faire couper en tranches plutôt que d’envoyer des e-mails, d’ouvrir une homepage, d’updater un logiciel ou d’uploader un fichier. Non mais.

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