Technique ou technologie ?

Publié le par Yves-André Samère

Vu tout à l’heure à la FNAC, au rayon des livres sur le cinéma, un ouvrage intitulé Techniques et technologies du cinéma, publié aux Presses Universitaires de Rennes par André Gaudreault et Martin Lefebvre. À cette vue, un sourire de ravissement s’est illico peint sur mon visage : enfin, quelqu’un faisait la distinction entre ces deux mots, technique et technologie, qui ne sont PAS synonymes. Je n’avais rien vu d’aussi avisé depuis Alfred Sauvy, qui m’avait appris la différence.

Rappelons à ceux qui n’étaient pas là qu’une technique, c’est un procédé, une manière de faire. En art, en industrie, dans les travaux publics, etc. On parlera de la technique de Rembrandt en matière de clair obscur, ou de la technique de réalisation d’Hitchcock, ou de la technique de Tapie visant à passer pour une victime du Crédit Lyonnais. Sans parler de la technique employée par les avocats des époux Tiberi, que la justice a mis dix-huit ans avant de les condamner, alors que la France entière savait qu’ils étaient coupables de magouilles électorales. En revanche, la technologie, c’est l’étude et l’enseignement des techniques. Au collège, un professeur de technologie enseigne à ses élèves en quoi consistent les techniques qui ont été mises au programme. Ça va, vous suivez ? Que l’on puisse confondre les deux me stupéfie, me ravit par son côté absurde, et me fait mourir de rire les jours où cette confusion ne m’agace pas.

Hélas, après un coup d’œil sur la quatrième de couverture et sur la préface du livre dont je parlais en commençant, patatras ! Les deux auteurs du livre y flanquent tout par terre, en écrivant, je cite à la lettre près, « Avant d’être un art, avant d’être une industrie, le cinéma est d’abord une technologie ». Ce qui, manifestement, est une bourde monumentale : le cinéma n’étudie ni n’enseigne les techniques.

Je trouve pittoresque, comique et lamentable que des universitaires, ayant fait des études supérieures, qui publient à la chaîne des dizaines de livres, et professent dans les lycées, les grandes écoles ou les universités, connaissent moins bien leur langue maternelle qu’un type ordinaire comme moi, qui n’a fait aucune étude et s’est contenté de lire – mais de lire tout, et pas seulement les manuels spécialisés que les éditeurs destinent aux futurs diplômés.

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