Aspirateurs sans sac
Notre époque est celle des gadgets inutiles, et on nous en révèle au moins un nouveau par semaine. Non, je ne fais pas allusion à la voiture électrique, dont la publicité télévisée nous enchante (vous savez bien, celle avec ce petit avorton vêtu comme l’adulte qu’il accompagne, et qui radote à satiété que « C’est simple ! ». Les pubeux ont fini par comprendre que ce personnage était suprêmement agaçant, et ont rajouté à leur spot un appendice, où l’adulte lance au petit crétin de filer dans sa chambre. Moi, je l’aurais plutôt vendu à une tribu de Roms).
Mais, à mon avis, les plus bêtes de ces gadgets sont les aspirateurs sans sac. Ils sont d’ailleurs de deux sortes, ceux que vous promenez vous-même, manuellement, et ceux-ci qui fonctionnent tout seuls, y compris en votre absence, et qu’on appelle « aspirateurs-robots ».
De ces derniers, j’ai eu l’occasion de tester deux modèles, et je peux vous dissuader de faire la dépense, très élevée par ailleurs (le dernier sorti, le Samsung Powerbot VR9000, coûte... 900 euros !). Ces bidules, que vous programmez pour qu’ils se déclenchent en votre absence afin de ne pas subir le bruit qu’ils font et qui s’avère infernal, sont censés capables de repérer les obstacles éventuels, et de les contourner. On vous vante leur hauteur réduite, qui leur permet théoriquement de passer sous les meubles (à condition que vous habitiez à Blefuscu, tout en étant natif de Lilliput), et certains possèdent même une « base », qu’ils sont capables de retrouver automatiquement pour aller s’y recharger quand leur batterie s’épuise – et elle s’épuise très vite. Mais jamais on ne vous préviendra que ces engins butent sur le moindre obstacle. Et là, ils... s’arrêtent de fonctionner. Il ne reste plus, si vous êtes chez vous, qu’à les soulever pour les porter ailleurs, et prier tous les saints du paradis pour que l’incident ne se renouvelle pas trop souvent. Car, dans le cas contraire, vous ne pourrez pas quitter des yeux le fameux robot, bien moins efficace que celui de Planète interdite, et on voit mal en quoi il vous soulagera d’une corvée. Passons, n’achetez pas.
L’autre catégorie d’aspirateurs n’est qu’une variante des aspirateurs classiques, à ce détail près que la poussière qu’ils récoltent n’aboutit pas dans un sac en papier qu’il est facile de retirer avant de le flanquer à la poubelle. Non, la poussière va dans un conteneur qui fait partie de l’appareil – on saisit mal comment il pourrait en être autrement –, et, après coup, vous serez obligé d’ouvrir votre aspirateur, d’en extraire ledit conteneur, de le vider et de le nettoyer à la main, avant de le remettre en place. Chacun comprend immédiatement l’avantage de cette innovation : vous passerez votre temps les mains dans la poussière, et vous vous en mettrez partout. Après le nettoyage de l’appartement, vous pourrez programmer le vôtre !
Qui ne voit combien le progrès nous rend la vie plus facile ?