Fanny fera tintin

Publié le par Yves-André Samère

En tant que tintinophile assidu, je me réjouis à la nouvelle que la société Moulinsart SA, détenue par la veuve du dessinateur Hergé et son nouveau mari, vient de se prendre une sacrée baffe. On sait que Fanny Rémy, la veuve du grand artiste, et qui avait débuté comme coloriste aux studios de son futur mari en 1956, a hérité de tout, puisqu’ils n’ont pas eu d’enfants. Elle gère donc les droits des œuvres d’Hergé, par l’intermédiaire d’Alain Baran, qui avait été l’homme de confiance et le secrétaire particulier d’Hergé à partir de 1978. La société qui dirige tout ça est assez compliquée, mais l’essentiel tient en ceci : Fanny et son nouveau mari anglais Nick Rodwell ramassent la plus grosse part du gâteau, et n’entendent rien lâcher. Aussi multiplient-ils les procès chaque fois que quelqu’un tente de se faire quelques thunes avec, par exemple, un dessin du défunt. Je sais aussi que, ne craignant pas le ridicule, les deux grippe-sous ont tenté de faire interdire une pièce de théâtre de Didier Wolff, Coup de crayon, qui se jouait à Paris, en 1976, dans un minuscule théâtre de Montparnasse, et où l’on voyait Tintin rendre visite à Hergé et se faire prendre en otage (et ligoter en petit slip sur une chaise, seule occasion où l’on a vu Tintin en tenue légère) par l’auteur de ses jours ! Je précise que la pièce a été jouée malgré la tentative d’interdiction...

Outre cela, début 2012, Moulinsart SA avait attaqué en justice une petite association néerlandaise de fans de Tintin, la Société Hergé, fondée en 1999, qui comptait 650 affreux criminels et qui éditait – trois fois par an seulement – un fanzine de 32 à 40 pages, Duizend Bommen (ce qui en néerlandais signifie « Mille bombes », preuve irréfutable qu’il s’agissait bien de terroristes). Les articles y étaient illustrés (et le sont toujours, car le fanzine n’est pas mort) par des vignettes tirées des albums Tintin.

Or voilà qu’avant-hier, en conclusion de l’appel du même procès devant la Cour d’appel de La Haye, la justice des Pays-Bas a décidé que les époux infernaux ne peuvent pas réclamer de droits pour l’utilisation d’extraits d’albums de Tintin. En effet, en 1942 (!), Hergé avait signé un document par lequel lui-même cédait l’exclusivité de ses droits à l’éditeur Casterman, que les lecteurs connaissent bien. Document jamais remis en cause. Même Fanny et Nick ont dû reconnaître que ce document était authentique !

Il serait très rigolo que la justice belge oblige ces deux émules d’Harpagon à restituer tout l’argent qu’ils ont pompé à droite et à gauche ! Prions, mes bien chers frères. Déjà, la justice française avait autorisé une parodie que vous connaissez certainement, sous la forme de romans humorisques publiés aux éditions du Léopard masqué, la série Les Aventures de Saint Tin et de son ami Lou, d’Éric Mogis sous le pseudonyme Gordon Zola, et de Bob Garcia, vingt-deux volumes qu’on trouve très facilement. Images ICI.

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