Les Chirac, gens de cœur !

En 1979, Jacques Chirac, alors maire de Paris, croisa, dans l’aéroport de Roissy, une jeune Vietnamienne en larmes. Anh-Dao Traxel était une « boat people », c’est-à-dire qu’elle avait fui son pays pour échapper au régime communiste qui s’y est installé depuis que les États-Unis ont perdu la guerre. Chirac lui « tendit un mouchoir de batiste immaculée » – Bernadette ne fit aucun geste –, et l’installa chez lui, où elle resta deux ans, avant d’en partir pour se débrouiller seule (sauf erreur, elle a épousé un policier).

Les médias, qui vont vite, la qualifièrent de « fille adoptive des Chirac », ce qui demande à être rectifié. En effet, d’une part, elle avait encore ses parents, qui vivent aujourd’hui en France, et Bernadette Chirac, tout autant que sa fille Claude, ont vu l’intruse d’un mauvais œil. Selon l’intéressée, elle était considérée comme « un membre de leur famille quand Bernadette et Claude avaient besoin [d’elle] pour amadouer la communauté asiatique ou l’opinion publique », et qu’on lui demandait « d’assister à des réveillons chinois, de faire des photos pour “Gala” en pleine présidentielle », mais qu’en réalité, on avait honte d’elle car elle était « femme de service dans un foyer pour retraités ». On ne lui a pas laissé le temps d’apprendre le français, ajoute-t-elle. Et quand Chirac fut élu à la présidence de la République, elle n’a jamais été admise à l’Élysée.

N’ayant plus vu sa famille « adoptive » depuis deux ans, Anh-Dao Traxel, qui a maintenant cinquante-cinq ans, a publié le 5 juin, aux éditions Hugo & Co, un livre intitulé Chirac, une famille pas ordinaire : les confidences de leur fille de cœur. Elle y raconte que son père adoptif lui manque. En 2011, elle avait déjà formulé les mêmes plaintes dans une interview à « Var-Matin ».

Anh-Dao a peut-être cru que c’était arrivé, mais, d’un autre côté, on sait ce que valait et vaut encore le couple Chirac. Il n’y a pas d’innocents dans cette histoire.