My darling clémentine
Ne me tarabustez pas pour avoir écrit clémentine plutôt que Clementine, car il ne s’agit pas du prénom féminin immortalisé par John Ford dans son film de 1946. En fait, je parle de ce fruit que l’Éternel-sic a oublié de créer, laissant ce soin à un homme du dix-neuvième siècle, un moine qui s’appelait Vital Rodier, mais avait pris le pseudo de « frère » Clément. Il vivait dans une communauté de moines, à Misserghin, au sud d’Oran, dans l’ouest algérien. Là, on peut voir une plantation d’oranges et de mandarines, à côté d’un bois de pins, et, avec l’aide d’un médecin botaniste nommé Louis Charles Tarbut, ledit Clément croisa un mandarinier avec un oranger, obtenant ce fruit renommé pour n’avoir pas de pépin. Il faut dire que le cher moine ne connut guère la gloire, sinon posthume, car il mourut en 1902, soit deux ans après que Trabut eut publié la description du mandarinier dans une première revue horticole.
Toujours est-il que cette invention profita aux moines du coin, qui à leur tour n’ont plus connu de pépins, car ils ont gagné pas mal d’argent, ont pu faire construire une petite église (avec un orgue électronique sur lequel j’ai joué), et fondé une école privée installée sur place. Là, Clément est enterré, à deux pas de la plantation. Au moins, il peut manger autre chose que des pissenlits par la racine.