Guignols : nettoyage par le vide
C’est fait, quatre auteurs des Guignols sur les sept viennent d’être renvoyés. Motif : ils étaient trop payés pour ce qu’ils faisaient (le plus ancien touchait 35 000 euros par mois !). Tout en estimant la mesure excessive car on aurait pu se contenter de diminuer leur salaire – avec d’autant plus de raison qu’ils produisaient un résultat médiocre et qui avait fait fuir beaucoup de téléspectateurs –, on trouvera bizarre le déplacement de la rubrique vers le crypté, ce qui, selon la direction, était le seul moyen d’augmenter le nombre d’abonnements payants.
Or on ignore encore de quoi seront capables les remplaçants pas encore choisis des auteurs ! Et s’ils se révélaient aussi peu talentueux que leurs prédécesseurs, et se mettaient eux aussi à la production massive de ces chansons à rallonge dont les Guignols des dernières années s’étaient fait une lamentable spécialité ? Mais c’est l’inconvénient de toutes les réformes : on sait ce qu’on perd, on ne sait pas ce dont on hérite à la place. Avec sa lourdeur et sa brutalité, Bolloré prend un gros risque, celui de voir ses recettes baisser davantage.
Il faut pourtant se souvenir que les auteurs initiaux, qui possédaient un talent bien plus considérable, ont quitté les Guignols de leur propre gré, mais sont toujours à Canal Plus. Bruno Gaccio produit les fictions de la chaîne, dont Hard qui en est à sa troisième année ; Benoît Delépine et Jean-François Halin sont auteurs pour Groland, et travaillent aussi pour le cinéma, le premier réalisant des films souvent à succès avec son collègue Gustave de Kervern, et le second, déjà scénariste des deux épisodes sur OSS 117 pour Michel Hazanavicius (un troisième est prévu), vient de voir la sortie de Nos futurs, dont il a écrit le scénario, plutôt réussi. Autrement dit, ayez du talent, on ne vous virera pas.