Un charlatan à la mairie de Paris
Mille regrets, le nom charlatan n’a pas encore subi la féminisation à la mode !
La rue Dussoubs est une petite rue du deuxième arrondissement de Paris, débouchant sur la rue Réaumur. Elle est assez étroite, puisque la chaussée mesure environ deux mètres de large, et que, si Jacques Chirac s’y allongeait en travers, sa tête pourrait toucher l’un des trottoirs, et ses pieds, effleurer le trottoir d’en face (j’aurais pu dire la même chose de Louis XVI, qui était très grand lui aussi, mais le pauvre n’a plus toute sa tête. Quant à De Gaulle, nul n’imagine COUCHÉ le grand général qui se prenait pour la France, car la France ne peut qu’être DEBOUT). J’ajoute que la rue Dussoubs a vu naître Cyrano de Bergerac, au numéro 2 – non signalé par quelque plaque que ce soit –, et mourir Carlo Goldoni, au numéro 21. Toutes les artères de la capitale ne peuvent pas en dire autant.
À ce préambule, vous devinez que je vais parler d’Anne Hidalgo. En effet, cette rue est si étroite (à l’instar de l’esprit de madame LE maire de Paris) qu’elle est bien sûr en sens unique, les voitures, qui n’ont pas la place de s’y croiser, ne pouvant circuler que dans le sens sud-nord. Et les bicyclettes ? Eh bien, depuis un certain arrêté hidalguien, elles circulent dans les deux sens, et un panneau de sens interdit placé à l’entrée de la rue comporte une mention « Sauf bicyclettes » (le mot bicyclette n’y figure pas, on a seulement imprimé le dessin d’un vélo, sachant que les Parisiens sont trop bêtes pour être capables de déchiffer autre chose que des logos).
Donc, ce matin, je remontais la rue Dussoubs, dans le même sens que les rares voitures, lorsque j’ai vu un cycliste roulant en sens interdit et fonçant sur moi comme un furieux. Je n’ai eu que le temps de me réfugier sur un trottoir, nonobstant son étroitesse extrême d’environ cinquante centimètres. Par conséquent, je ne dois qu’à ma promptitude et à mes bons réflexes de n’être pas à cette heure pensionnaire d’un hôpital.
Puisque LE maire de Paris – dont le projet avoué est de doubler la longueur des pistes cyclables et de multiplier par trois le nombre de cyclistes en ville d’ici à 2020 – prétend que les cyclistes causent « peu d’accidents » (sic), il semble que j’ai failli être une exception. En fait, à la mairie, on ne s’intéresse qu’aux accidents qui arrivent aux cyclistes, et... pas du tout à ceux qu’ils provoquent. De même, la page de Wikipédia sur les accidents de vélo commence par cette phrase : « Un accident de vélo est un évènement fortuit entraînant des dommages corporels à une ou plusieurs personnes se déplaçant à bicyclette ». C’est clair, non ? Les seuls victimes prises en compte sont les cyclistes.
Une forme de charlatanisme bien connue en politique.