Histoire d’eau
J’ai déjà écrit quelques notules sur les privatisations, dont deux, je crois, concernaient le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande, et je n’en disais pas uniquement du bien. Et si on parlait un peu de la France, puisque nous sommes aussi sous un gouvernement de droite (qui veut se faire passer pour un gouvernement de gauche, ce dont on n’a pas fini d’être ravis) ?
Avec la mentalité d’un Macron aux Finances, de nombreuses privatisations sont à prévoir chez nous, et je ne pourrai pas parler de tout ; d’ailleurs, vous le savez, je parle très peu ! Mais prenons un exemple qui touche tout le monde, et prouvant que privatiser ne fait pas baisser les tarifs : le marché de l’eau. Dans un article du « Monde » daté du 9 mars 2010 et intitulé « L’eau, source de vie ou de profit ? », on pouvait lire ceci : « Que les grandes multinationales de l’eau aient l’expérience et le savoir-faire de la captation et de la distribution de l’eau, nul n’en doute. Qu’elles fassent mieux que des structures publiques, cela reste à démontrer. Les enquêtes des associations de consommateurs montrent qu’en moyenne, les prix sont supérieurs de 20 à 44 % dans les communes qui ont délégué leur service d’eau et d’assainissement au secteur privé ! ». Cet article du « Monde » a été suivi d’une émission d’Arte, Water makes money, documentaire traitant du même sujet et diffusé le mardi 22 mars suivant, à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau.
Déjà, c’est gratiné : on nous dit que les prix vont baisser, et... ils grimpent. Quels artistes, nos décideurs ! Mais ce n’est pas tout, et l’article poursuit : « Quand on sait que 75 % des usagers français regroupés dans 60 % des communes sont alimentés par les trois multinationales, on mesure l’ampleur de ce surcoût. Comme nous pouvions nous en douter, le coût est optimisé, mais pas pour les usagers ». Ici, je précise : ces trois multinationales s’appellent Suez, Veolia et la Saur, cette dernière (Société d’Aménagement Urbain et Rural) appartenant à Bouygues depuis 1984.
Or, faire gérer son eau par des entreprises privées, ce n’est pas une fatalité, puisque ce type de service, avant les privatisations, était bel et bien assuré par les municipalités elles-mêmes, et que quelques-unes, comme Paris et Rouen, après être d’abord tombées dans la nasse, ont récupéré leurs billes et repris elles-mêmes la gestion de LEUR eau ! Gérer l’eau, rappelons-le, n’est pas et ne doit pas être une source de profits pour des sociétés privées. C’est une question de vie, comme l’a rappelé ce film passionnant de 2010, Même la pluie (en espagnol, También la lluvia, et ce titre sous-entendait « Ils nous prennent même l’eau de pluie »). Aujourd’hui un milliard et demi de personnes n’ont pas accès à l’eau potable, deux milliards n’ont pas d’installation sanitaire, et deux milliards et demi consomment de l’eau polluée.