La césure sur Internet
J’ignore si, parmi mes lecteurs, se trouve un (ou deux) individu(s) bizarre(s) ayant fabriqué un site Internet et accédé à l’état de webmaster, comme on dit en bon français. Mais enfin, tout est possible, même Jane Birkin décidant de chanter le grand air de la Reine de la Nuit dans La flûte enchantée (je suis impatient d’entendre le résultat, ça me rappellera le film Marguerite).
Toujours est-il que tous ceux qui se sont frottés au HTML, qui n’est PAS un langage mais un simple codage notoirement insuffisant, ont regretté que les pages vues en ligne soient privées d’un avantage que les traitements de texte comme le Word de Microsoft ou le Writer de LibreOffice offrent depuis toujours : la possibilité de faire la césure. En clair, si un mot en fin de ligne est trop long, il est automatiquement coupé entre deux syllabes, plutôt que rejeté intégralement sur la ligne suivante, ce qui forcerait à fabriquer ainsi des espaces pour combler les vides, et s’avèrerait très laid. Allez visiter n’importe quel site, par exemple Wikipedia ou Le Gorafi, et vous comprendrez : aucune césure n’y existe, et leurs webmasters contournent la difficulté en calant tous leurs paragraphes à gauche, si bien qu’à droite, vous contemplez une scie !
Pas sur mes pages. Là, vous constaterez que, non seulement les deux côtés des textes sont bien égalisés comme dans les livres – c’est la célèbre « justification » –, mais aussi, que les mots trop longs sont bel et bien coupés en fin de ligne. Je ne m’en attribue pas le mérite, la solution à cette carence du HTML existe, c’est une commande de style, et elle s’appelle hyphens, mot dérivé de hyphenation, qui signifie tout simplement césure en anglais. Elle est très facile à employer, et consiste à inclure dans la définition des paragraphes – incluse dans la feuille de style de votre site – ce qui suit :
-webkit-hyphens: auto;
-moz-hyphens: auto;
-ms-hyphens: auto;
-o-hyphens: auto;
hyphens: auto;
Cette complication apparente tient à ce que les navigateurs ne comprennent hyphens que si ce mot est précédé du préfixe qui leur est attaché : -webkit- pour Safari, -moz- pour Firefox, -ms- pour Internet Explorer à partir de sa version 10 ; -o- pour Opera. Et, horreur, Chrome, qui passe pour le meilleur navigateur et qui appartient à Google, ne connaît pas la césure ! Mais il n’est pas dit que ce minuscule problème ne sera pas réglé un jour. Cependant, il faut garder à l’esprit que la césure ne fonctionne pas de la même façon dans toutes les langues, et il faut par conséquent prévenir le serveur hébergeant votre site que vous demandez une césure française. Cela se fait très simplement : toutes vos pages commencent par une balise <body>, il suffit de la transformer en <body lang="fr">.
Si cela vous intéresse, à vous de jouer.