Une bonne recette
Vous désirez faire savoir à l’homme le plus haï de France après Emmanuel Macron – vous avez, j’espère, reconnu Vincent Bolloré – que vous êtes prêt à faire l’animation de son émission en passe de défuncter, le Grand Journal, sur sa chaîne moribonde, Canal Plus ? Dans ce cas, faites-lui connaître la méthode que vous appliquerez, et qui fera jamais qu’étendre celles appliquées par cette pauvre Maïtena Biraben. Cela consiste à vous entourer d’imbéciles sans talent, de préférence pas rasés si ce sont des hommes, et à multiplier les bévues, par exemple en invitant n’importe qui à parler de n’importe quoi.
Ainsi, il y a trois jours, ont figuré sur son plateau Axel Kahn, généticien très connu, et... un garçon lorrain de quatorze ans, Eliott Sarrey, présenté absolument partout comme un « petit génie » [sic, mais si tout le monde le dit] parce qu’il a inventé un gadget à la noix, un « robot jardinier » [re-sic], capable d’arroser tout seul votre jardin si vous le pilotez avec votre téléphone mobile, et que Google vient de le récompenser par une somme de dix mille dollars. Convenez qu’à côté de ça, Fleming avec sa pénicilline ou Einstein avec sa théorie de la Relativité font figure de ringards. Notez que je ne jette pas la pierre à ce garçon, puisqu’il a eu l’esprit de baptiser sa pseudo-invention Bot2Carot (ouarf !), et a déclaré qu’il n’avait pas l’intention de se lancer dans sa commercialisation. Ouf ! Un Zuckerberg de moins...
Toujours est-il qu’Axel Kahn, qu’on croyait plus finaud, a été à ce point enthousiasmé par cette avancée de la science qu’il a... embrassé le garçon ! J’ai vu le moment où il allait le polansker. Dis, Axel, qu’est-ce que tu avais fumé dans ta loge, avant de passer sur le plateau ? Si tu te lances dans la pédophilie ostentatoire, je m’en vais le dire à ton frère Jean-François.
Mais c’est ça, la télé, en ce moment : on fait du buzz avec des djeunz, avec des actrices qui ont joué nues, avec des acteurs qui ont joué encore plus nus, avec des rappeurs qui vocifèrent des insanités mais qui ont partagé la table du président de la République, avec des intellectuels supposés, qui se détestent et viennent se chamailler en public, avec des ruquiers et des salamés, avec des politiques proférant des âneries, avec des jeux de mots stupides, avec des chanteurs sans voix, avec des maîtresses de footballeurs, avec des micro-trottoirs filmés dans mon quartier – c’est systématique –, avec tout et surtout avec rien.
Et donc, si vous vous sentez capables d’œuvrer dans cette voie, venez remplacer cette pauvre Maïtena, qui s’applique chaque jour à nous faire regretter Denisot, Antoine de Caunes ou Stéphane Bern (lequel, vous l’avez oublié, a tenu cette tranche horaire de 2003 à 2006).