Charles et Camilla

Quand on vit en France, il est évident qu’on envie aux Britanniques leur reine : voilà un chef d’État qui a de la tenue, ne fait pas de blagues en public, ne se prête pas au rite ridicule de faire des selfies avec quiconque lui en réclame, et ne change pas de conjoint tous les six mois. En outre, la reine Elisabeth se plie aux règles, ne va ni à la radio ni à la télévision, ne se mêle pas de politique, et ne crierait pas « Casse-toi pauv’ con » à un de ses sujets mécontent.

Malgré cela, les us et coutumes au Royaume-Uni sont souvent étranges, et s’y conformer réclame un goût pour l’excentricité que nous, Français, si cartésiens n’est-ce pas ? avons du mal à comprendre. Je n’en veux pour preuve que cette partie du documentaire vu hier soir sur France 2, consacré précisément à la Queen et à sa famille. Il s’agissait de Charles, son fils, prince de Galles puisque héritier officiel de la couronne, et de son épouse actuelle Camilla. Pauvre Charles, quel parcours du combattant, pour arriver à son état actuel !

Enfant gentil et timide, mais avec des goûts bien arrêtés qui le rendent sympathique, il est mis à treize ans dans un affreux internat en Écosse – éducation militaire et douches froides – jusqu’à ses dix-huit ans. Lorsqu’il en sort, il tombe amoureux d’une fille de son âge, jolie et qui lui plaît, Camilla Shand, et devient son amant. Mais lorsqu’il fait savoir à sa famille qu’il veut l’épouser, on le lui interdit, sous le prétexte ridicule qu’une future reine doit être vierge lors de son mariage ! Que ce soit précisément son futur époux qui lui ait pris sa virginité est tenu pour négligeable, les épousailles sont im-pos-sibles. Déçu, le futur roi se met à papillonner, accumule les petites amies, et arrive presque à trente ans sans jamais s’être marié. On s’en inquiète, on lui cherche désespérément une épouse convenable, et où prospecte-t-on ? Parmi lesdites petites amies, qui par définition, sont encore moins vierges que Camilla ! Logique...

On finit par lui imposer une fille qu’il n’aime pas, la fameuse Diana, mais, dès leur seule interview commune à la télévision, alors qu’on leur demande s’ils sont amoureux et qu’elle répond « Bien sûr ! », lui se contente d’un sobre « Cela dépend de ce qu’on entend par amoureux ». Gaffe, et sa future femme lui en tiendra rigueur toute sa vie. Si bien que, mariés, l’un et l’autre accumulent les infidélités. Belle réussite des convenances royales !

Tout s’est finalement bien terminé pour Charles. Ils divorcent, Diana, muée en vraie chipie qui déteste sa belle-famille, meurt dans un accident à Paris en compagnie d’un amant postiche, et l’heureux veuf finit par faire accepter Camilla, qui est aujourd’hui sa femme on ne peut plus légitime. Tout ça pour ça...