Haro sur le 08 !

Publié le par Yves-André Samère

Dieu soit loué, Internet permet aux escrocs de tout poil de « libérer [leur] créativité », comme on dit dans la pub envahissante dont on nous gratifie en ce moment à propos du Surface 4 Pro de Microsoft (en fait, il s’agit d’une tablette munie d’un banal stylet permettant de dessiner ou d’écrire sur l’écran, et qui existe depuis des années chez Samsung). Cette créativité s’exprime donc dans les méthodes permettant de plumer des pigeons via des messages électroniques ou des sites bidons, et je suis persuadé qu’on vous a déjà fait le coup : voir mon récent article sur le sujet.

Mais lesdits escrocs ont aussi exploité le téléphone. Comme vous le savez, depuis la réforme de la numérotation téléphonique en France, les numéros normaux ont dix chiffres, dont le premier est toujours un zéro – bien inutile puisqu’il est commun à TOUS les numéros, mais peu importe. Or certains numéros ne sont pas attribués à des abonnés comme vous et moi, et qui commencent par le préfixe 08. Et là, méfiance !

Je ferai sans doute plusieurs articles sur le sujet, mais aujourd’hui, contentons-nous du 08 et de l’arnaque appelée « call back ». Le principe de base est d’une simplicité évangélique : il s’agit de vous inciter à rappeler le correspondant qui vous a appelé, selon plusieurs variantes.

Première variante : votre téléphone sonne une seule fois, si bien que vous n’avez pas le temps de décrocher. Mais votre cadran affiche le numéro de l’appelant, numéro commençant par 08. Si la curiosité vous pousse à rappeler ce numéro, évidemment surtaxé pour bien faire, vous tombez sur une opératrice qui vous met en attente. Bien entendu, le temps s’écoule jusqu’à ce que vous vous lassiez, la somme que vous dépensez ainsi tombant dans l’escarcelle de l’arnaqueur. Ce procédé s’appelle ping call, comme dans ping-pong, et ce n’est pas un hasard.

Deuxième variante : votre téléphone sonne, vous décrochez, et vous entendez un correspondant qui vous raconte que vous avez un colis en attente quelque part. Mais pour en prendre possession, il vous demande de rappeler tel numéro... en 08, naturellement, et surtaxé.

Troisième variante : vous trouvez sur votre répondeur un message qui vous propose de rappeler pour participer à un sondage, ou recevoir un cadeau, ou répondre à une annonce bidon sur Internet. Ça, c’est le call back, qui ne vise, une fois de plus, qu’à vous faire rappeler un numéro surtaxé.

Tous ces trucs sont interdits par la loi, plus précisément par l’article L. 33-4-1 du Code des postes et télécommunications, ainsi rédigé : « Est interdite la prospection directe ou au moyen d’un automate d’appel [...] utilisant, sous quelque forme que ce soit, les coordonnées d’une personne physique qui n’a pas exprimé son consentement préalable à recevoir des propositions directes par ce moyen ». Et je me demande si le démarchage téléphonique qu’opère chaque trimestre CanalSat n’entre pas dans ce type d’interdiction. Car enfin, en vous abonnant à un service, vous n’avez pas donné de consentement préalable à recevoir des propositions directes. Il faudra que je vérifie. Il faudra que je vérifie.

Publié dans Arnaques

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