Philosophons
On ne sait pas quoi penser, quand on n’a pas lu son journal habituel, comme le disait un personnage de Gilbert Cesbron dans son roman Notre prison est un royaume. Heureusement, les philosophes sont là pour nous aider, et Dieu si on en voit, à la télé ! Presque autant que d’experts militaires dans les périodes où « nous sommes en guerre »...
Les philosophes définissent les êtres humains selon quelques critères. En vrac : ce que nous lisons, ce que nous mangeons, comment nous nous habillons, où nos passons nos vacances (quand nous avons les moyens d’en prendre), quelles musiques nous écoutons, ce que nous disons, ce que nous buvons, quels spectacles nous voyons, quels genres d’amis nous fréquentons, comment nous nous soignons, et tout un tas d’éléments vachement pertinents, sinon ils ne seraient pas de bons philosophes comme Luc Ferry ou Benard-Henry Lévy, et on ne les inviterait plus dans les radio-télés.
Comme, de mon côté, je ne suis pas un bon philosophe et que j’ai un peu pratiqué la photographie, j’ai l’habitude des négatifs, et mes bons amis disent parfois que j’ai aussi un esprit négatif – je me demande où ils prennent ça. Il s’ensuit qu’au lieu de penser en bon philosophe, j’ai tendance à préférer d’autres critères. Si bien que j’estime tout aussi valable de jauger mes contemporains d’après ce qu’ils ne lisent pas, ce qu’ils ne mangent pas, ce qu’ils ne portent pas, ce qu’ils n’écoutent pas, où ils ne vont pas, ce dont ils ne parlent pas, quels spectacles ils boycottent, quels personnages ils fuient, et ainsi de suite, vous avez compris le topo.
Je vous ferai donc prochainement la liste de ce qui me définit en négatif, en m’efforçant de ne pas être trop bavard.