Rébellion puis obséquiosité taubirienne
J’espère que, tout comme moi, vous avez admiré le numéro de contorsionniste de Christiane Taubira, dont elle nous a gratifiés cette semaine. Si vous n’avez pas bien suivi, je résume : soucieux de donner sa récompense à la droite, qui vient de lui refiler un fameux coup de main en faisant battre partout le Front National aux élections régionales, Hollande veut faire adopter au Parlement une loi que ladite droite appelle de ses vœux, et qui priverait de la nationalité française les résidents qui possèdent la double nationalité (la nôtre et celle de leur pays d’origine, en gros), si jamais ils ont subi chez nous une condamnation. De toute évidence, cette loi va terroriser les terroristes, pour parler comme feu Pasqua, au point de les empêcher de se faire sauter avec une ceinture d’explosifs. Les soixante-douze vierges attendront...
Naturellement, le projet du présiblique fait hurler la gauche qui l’a porté au pouvoir, et comme Madame Taubira incarne cette gauche (même si elle l’a fait battre en 2002, vous savez comment), elle est opposée au projet de Hollande. Et, en dépit de la règle qui veut qu’un représentant du gouvernement français ne s’exprime jamais sur les affaires intérieures quand il se trouve à l’étranger, elle a ressenti le besoin d’aller dire en Algérie que la loi en question ne serait jamais votée. Ben oui, vous ne voudriez tout de même pas que le ministre de la Justice respecte les règles qu’il fait appliquer aux autres.
Inévitablement, cette infraction a déplu au pauvre Hollande, contredit publiquement et à l’étranger par un ministre qu’il est le seul à soutenir et que tout le monde déteste chez nous, y compris dans son propre ministère. Mais, effrayé par le moindre conflit, au lieu de sévir comme un vrai chef, ce matamore lui a simplement, comme on dit, fait remonter les bretelles, et, dressé sur les ergots, a réaffirmé qu’il maintenait son projet de loi, Taubira ou pas. N’importe qui, possédant un peu de fierté, aurait donc donné sa démission au chef de l’État. Pas elle ! Sa réaction à ce camouflet, dont la totalité des commentateurs ont dit qu’il équivalait à lui faire « manger son chapeau », a été de pinailler, en disant que, ce qui comptait, c’était seulement la parole du président de la République – pas la sienne.
On a de l’honneur, au ministère de la Justice. Vatel, lui, se serait transpercé trois fois avec son épée. Mais Madame Taubira, à force d’errer, où va-t-elle ?