« Maréchaux assassins » ?

Publié le par Yves-André Samère

Dans l’émission La prochaine fois je vous le chanterai, de Philippe Meyer sur France Inter, on a pu entendre aujourd’hui une chanson de Renaud, La médaille, dont vous lirez ICI les paroles toutes de subtilité. Je vous recommande la fin : « L’amour ne vous dit rien / À part bien sûr celui / De la Patrie hélas / Cette idée est dégueulasse / Qu’à mon tour je conchie ». Par ce texte, on mesure la puissance poétique de Renaud (ah, faire rimer hélas avec dégueulasse...), non moins que sa modération, son goût de la vérité et son sens des nuances. En voilà un qui n’a pas attendu les rappeurs pour déverser sa haine en public.

Je n’ai jamais beaucoup aimé Renaud, ce fils de bourgeois qui sur scène se déguisait en voyou pour flatter les goûts de son public (il y a du Léo Ferré, chez lui), et dont l’intelligence a moins contribué à sa notoriété que son alcoolisme. Mais, par-dessus tout, je déteste depuis toujours la propension à mettre un groupe humain entier dans le même sac ; car enfin, le racisme, c’est ça. Et prétendre que tous les maréchaux sont des assassins, c’est faire preuve d’une sacrée ignorance. Je conçois qu’on déteste Foch et Pétain. Mais Leclerc ? Mais De Lattre De Tassigny ? Mais Juin ? Mais Lyautey ?

Le maréchal Hubert Lyautey (1854-1934) est surtout connu pour avoir été résident général au Maroc, entre 1912 et 1925. Un affreux colonialiste, alors ? Pas du tout, et les Marocains le vénèrent encore aujourd’hui, car il les respectait et a beaucoup amélioré le pays, dans tous les domaines : pacificateur, bâtisseur, négociateur, administrateur, modernisateur, dotant le pays des infrastructures indispensables pour son évolution économique et sociale, avec le dessein avoué de l’amener à l’indépendance dans les meilleures conditions. De sorte que, jusque dans les années 1970, il y avait une Rue Lyautey derrière la Grande Poste de Casablanca ; une Cité Lyautey au centre de la ville (réservée, je crois, aux anciens combattants marocains) ; l’immense lycée français de Casablanca, créé en 1921, très réputé (3500 élèves, dont 2000 Marocains, et 257 professeurs), qui couvre huit hectares, porte son nom, et son visage au format géant y est peint sur la façade du bâtiment de philosophie ; quant à sa statue équestre, elle trône toujours dans le jardin du Consulat Général de France, donnant sur la Place des Nations-Unies, entre la Préfecture et le Palais de Justice.

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D
Ecouté attentivement ce matin cette chanson, car je ne la connaissais pas. J'avoue avoir été un peu étonnée par la violence (et la vulgarité) du propos. Je me suis posé d'ailleurs une question idiote : il existe donc une statue de Pétain quelque part ?<br /> Merci pour la petite biographie de Lyautey, que je ne connaissais absolument pas !
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