Opération « opération »
Hier après-midi, une heure ou deux après mon installation dans la chambre 119, je suis passé à la douche obligatoire, en prélude à mon opération. Le rasage de la poitrine et de l’abdomen est obligatoire. Autre douche ce matin, avant le grand départ pour la salle d’opération... Naturellement, pas le moindre petit déjeuner, à cause de l’anesthésie ! On justifie cela par le fait que, si vous vomissez dans votre masque pendant que le chirurgien vous charcute, il y a des risques d’étouffement. Si bien que, de toute la journée, je n’absorberai absolument rien.
On me revêt d’une chemise noire, couleur pour laquelle je préfère ne pas demander d’explication, et on m’installe sur un chariot, qu’un brancardier va pousser jusqu’à l’ascenseur qui me descend au rez-de-chaussée, où... il m’abandonne dans un réduit encombré d’un tas d’appareils apparemment désaffectés. Et, seul dans la demi-obscurité, je vais y rester une bonne demi-heure, pendant que, de l’autre côté de la porte, dans la salle d’opérations, les gens qui savent s’affairent.
Lorsque cette porte s’ouvre et que je suis admis dans le saint des saints, rien que du classique : vive lumière, une bonne dizaine de personnes, toutes aimables et jeunes, le chirurgien que je reconnais malgré son masque, et un anesthésiste qui n’est pas celui avec lequel j’avais eu un entretien la semaine dernière et qui s’abstient de me resservir la blague habituelle, après l’insertion d’une aiguille dans la main : comptez à l’envers à partir de dix. À quoi je suis toujours tenté de demander si, en comptant à l’endroit à partir de un, je serai plus éveillé en arrivant à dix. Les trucs du métier, je suppose...
Après ces préliminaires, je ne sais plus rien. Normal, je dors.