Un taxi pour les Halles

Publié le par Yves-André Samère

On me l’a confirmé, je quitte l’hôpital cet après-midi, et l’Assistance Publique me paie le taxi qui me ramènera chez moi. Je ne pourrai pas dire adieu à mon camarade de chambre, on l’a, je crois, emmené pour une autre intervention, puis après cela, il sera transféré à l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt, d’où il venait. J’ai promis de lui envoyer par la Poste le DVD d’un film dont nous avons parlé, Spotlight, que j’avais téléchargé avant de venir ici.

Je ne regretterai pas l’hôpital, car, dans ce pavillon réservé à la chirurgie, il est difficile de se laver puisqu’on ne nous fournit pas de serviettes ni de gants de toilette, et que, je l’ai déjà mentionné, pour s’essuyer, on doit se débrouiller pour dénicher (où ?) un pyjama inutilisé ! Et je m’étais un peu emballé en estimant, le premier jour, que la nourriture était bonne. En fait, elle est plutôt médiocre, sans être exécrable. Je ne regretterai donc que la gentillesse des infirmières, sous-payées pour un travail ingrat. L’autre jour, Abdelkarim, revenant des toilettes, a été pris d’une crise, il grelottait, souffrait, gémissait, et a tenté de faire venir une infirmière, qui s’est fait attendre plusieurs minutes. Et lorsque la malheureuse est enfin apparue, il l’a couverte d’injures, disant qu’elle était « la pire infirmière » qu’il ait jamais rencontrée. Elle n’a pas protesté et a fait son travail, et il s’est excusé ensuite, heureusement.

En milieu d’après-midi, après avoir rassemblé mes affaires et dit au revoir aux infirmières, qui m’ont remis les documents de sortie, je suis descendu à l’accueil, où mon taxi attendait. Mais là, j’ai connu le pire mufle de la profession : il a d’abord exigé que je produise une attestation de ma mutuelle, un papier qui ne m’a pas servi depuis des années, prétendant que ma carte Vitale ne lui suffisait pas, et m’a fait signer plusieurs documents. Puis il m’a laissé charger moi-même mes affaires dans la voiture, m’a ramené devant mon immeuble, n’a pas eu un geste pour m’aider à sortir du taxi et récupérer mes bagages, ne m’a pas aidé à les porter jusqu’au portail, et n’a pas prononcé un seul mot de politesse. J’ai eu à peine la force d’ouvrir les portes d’accès et d’entrer dans l’ascenseur, et, parvenu à mon étage, je me suis assis dix minutes sur les marches de l’escalier, devant ma porte, trop faible pour l’ouvrir. Par chance, aucun voisin ne m’a vu dans cet état.

Publié dans Mœurs, Santé, Paris

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