Faire pleurer

Publié le par Yves-André Samère

Émouvoir le public en lui montrant ou en lui faisant entendre des gens qui pleurent, comme après chaque évènement tragique, on le fait depuis longtemps dans les médias de chez nous. Je ne prendrai que deux exemples du passé.

La chanteuse Dalida a fait deux tentatives de suicide. La première, en 1967, a échoué, la seconde, en 1987, lui a été fatale. Or, après la première, elle avait été invitée à la télévision, dans une émission publique produite par Guy Lux (une canaille cynique et populiste qui, depuis et à cause d’une escroquerie, a tâté de la prison). Là, le présentateur-producteur l’avait harcelée de questions tendancieuses, ne visant qu’un seul but tout à fait évident : lui tirer quelques larmes. Cela n’a pas raté, puisque, à l’évocation de ce qui l’avait amenée à sa tentative de suicide – un chagrin d’amour –, elle a fini par pleurer. Aussitôt, le caméraman le plus proche a reçu la consigne de serrer le cadrage afin d’obtenir un gros plan sur son visage en larmes. Et les téléspectateurs, pas dégoûtés, ont pu se rincer l’œil, eux aussi. Élégant... Malheureusement, il semble que l’enregistrement de cette séquence d’anthologie reste introuvable.

Quelques années auparavant existait une émission de télévision, Reine d’un jour, produite et présentée le dimanche soir par Jean Nohain, fils du poète Franc-Nohain et frère de l’acteur Claude Dauphin, et qui s’efforçait de passer pour une sorte de Père Noël auprès du public. On recrutait trois malheureuses, on les pressait de questions afin de leur faire raconter leurs malheurs sur la scène d’un théâtre de province dont on changeait chaque fois, puis le public était invité à voter par ses applaudissements pour la plus malheureuse, qui était finalement proclamée la reine de la soirée. On la revêtait alors d’un manteau de fausse hermine et on la couronnait d’une tiare, Nohain l’appelait sans arrêt « Majesté » (tout le monde ne connaît pas le protocole authentique), puis commençait le défilé des cadeaux du couronnement, qui allaient de la paire de chaussures au réfrigérateur flambant neuf, tout cela offert par le service publicitaire des marques qui parrainaient l’émission. Bien entendu, la publicité qui en résultait couvrait largement les frais de ces « cadeaux ». Cette émission ignoble, dont on avait pris l’idée aux États-Unis, avait beaucoup de succès, et elle a duré des années, entre 1948 et 1955. Et, dans les années 2000, Arthur s’est est inspiré sur Télé-Poubelle.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
Oh, un nom que j'avais oublié, et pourtant je l'aimais bien en tant qu'acteur : Claude Dauphin. Si je ne m'abuse, dans les brumes de mes souvenirs d'enfance, il a fait pas mal de téléfilms ou joué dans des pièces de théâtre. Avec talent.<br /> Quant aux larmes, aux drames étalés, c'est tellement indécent, et n'apporte strictement rien à l'histoire.
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Y
Claude Dauphin était un excellent acteur, qui a fait 137 films et téléfilms. Quand il a joué au Maroc « Le prix », pièce d’Arthur Miller, un journal de droite, à Casablanca, avait écrit qu’elle devrait être interdite pour son sionisme ! Elle n’était pas du tout sioniste, bien entendu, mais le dernier mari de Marilyn Monroe était juif.