Rocard, reviens !
Quelle malchance nous avons eue, nous Français, de ne pas avoir Michel Rocard comme président, à la place, successivement, d’un homme de droite profiteur, malhonnête et sans aucun scrupule en 1981, puis d’un menteur, incapable et mollasson, en 2012 !
Admirateur de Pierre Mendès France – référence imparable –, Michel Rocard, mort hier, était le contraire de tout ça. Générateur d’idées, brillant, intelligent et honnête, lui s’y connaissait en économie. L’ennui, c’est qu’il a tenté de devenir président à un moment où un concurrent, qui jalousait son intelligence et ses capacités, ne voulait rien lâcher et se trouvait prêt à tout pour que personne ne lui barre la route – jusqu’à nommer son adversaire Premier ministre, afin de lui savonner la planche en contrecarrant son action. Ce type-là, c’est sûr, avait lu Le prince de Machiavel, à défaut d’avoir rien écrit d’important.
De tous côtés viennent les témoignages de gens qui l’aimaient et l’admiraient. Personne n’a aimé Mitterrand, personne n’aime Hollande ! Au second, on reconnaît son goût pour les blagues ; au premier, on reconnaissait son habileté à éliminer ceux qui le gênaient, par exemple le Parti communiste, au besoin en faisant entrer le Front National à l’Assemblée. Mais son infinie vanité, son extrême cynisme, son absence de sensibilité (pas un mot de compassion sur les trois hommes qu’il a poussés au suicide) et son absence de conscience n’ont pas dû lui valoir beaucoup d’affection. Pas même de sa femme !
Le Prix Nobel de l’Imposture dont je parlais, c’est à Mitterrand qu’on aurait dû le donner.