Le roi et son château
J’ai su, il y a quelques jours, que le roi du Maroc, Mohammed VI, séjournait à Betz, dans l’Oise, où son père Hassan II avait acheté une belle propriété comprenant un petit château, plus un immeuble de deux ou trois étages où loger ses serviteurs, et un double court de tennis. Or ces serviteurs sont si nombreux (entre cent et trois cents, on ne sait pas), et compte-tenu qu’ici on élève aussi des chevaux, que le village a été partiellement privé d’eau potable. Ce doit être une coutume familiale de la famille royale marocaine, puisque le jour de l’attentat de Skhirat, en juillet 1970, la capitale du pays, Rabat, toute proche, avait été privée d’eau parce qu’il avait fallu arroser le golf du roi.
Mohammed VI sait néanmoins, comme son père, entretenir sa popularité, et, à défaut d’eau, il arrose le village où il réside des dons les plus généreux. Il a ainsi invité au Maroc, en avion particulier, une quinzaine de garçons de l’équipe de football de l’endroit, et leur a même fourni leur argent de poche. Il les aussi invités à s’amuser en jetski, ce qui ne surprend personne lorsqu’on sait que Sa Majesté adorer faire du jetski, au point que, là-bas, on le désigne sous le sobriquet de « Sa Majetski ». Ces Marocains, ils ne respectent plus rien.
À part cela, les journalistes de Quotidien ont pu observer que les autorités françaises veillent sur la tranquillité de Sa Majetski, que les allées et venues autour de la propriété sont strictement surveillées, et qu’il est interdit de photographier le château et ses abords. Donc la curiosité vous dévore.
Eh bien, je viens à votre secours, car cette propriété, je m’y suis introduit clandestinement il y a quelques années, avec un copain écrivain aussi fou que moi. Il nous avait suffi de sauter par-dessus le mur d’enceinte, au bord de la route, et de ne pas trop nous faire remarquer. On tombait alors sur l’endroit le plus élevé, qui offrait une vue complète sur le château, à quelques centaines de mètres. Là, nous avions pu admirer un bois charmant, que traversait une rivière sur laquelle passait un petit pont. À nos pieds, un double court de tennis, avec ses vestiaires. Près de l’entrée de la propriété, quelques voitures autour desquelles se trouvaient plusieurs personnes auxquelles nous avions omis de nous présenter, n’ayant aucune envie de dormir en cabane la nuit suivante.
L’endroit jouit d’un calme admirable, on se serait cru dans une maison de repos. Mais personne ne nous avait offert le thé à la menthe traditionnel.