« Croque-monsieur » sur France 2

Publié le par Yves-André Samère

France 2 a diffusé hier soir, en direct depuis le Théâtre de la Michodière, la dernière représentation de Croque-monsieur, pièce de boulevard de Marcel Mithois, qui avait été créée en 1964 par Jacqueline Maillan – quoique écrite pour Edwige Feuillère –, au Théâtre Saint-Georges. La pièce avait été reprise dix ans plus tard et dans la même salle, avec les mêmes acteurs. Encore vingt ans plus tard, France 2 l’avait diffusée, toujours avec les mêmes acteurs – il devait s’agir d’une captation du spectacle scénique –, puis, en 2008, autre reprise au Théâtre des Variétés, avec Isabelle Mergaux.

On se demande qui a eu l’idée de faire jouer le rôle principal, celui d’une femme qui épousait en série cinq maris très riches (dont deux se suicidaient), par Fanny Ardant, qui est faite pour jouer la comédie comme François Hollande pour être président de la République, si bien que le spectacle a récolté de mauvaises critiques, et qu’il s’est interrompu assez vite. Non que la vedette soit une mauvaise actrice, mais elle n’est guère crédible quand il s’agit de faire rire. Vous me direz que la créatrice, Jacqueline Maillan, sorte d’ouragan pulvérisant tout sur son passage, a bien joué, au Théâtre du Rond-Point en 1988, une tragédie, Retour au désert, sous la direction de Patrice Chéreau, qui n’était pas un rigolo mais un redoutable intello, néanmoins, elle s’en était bien tirée.

Disons-le, en dépit de quelques critiques élogieuses de la part de médias peu exigeants, la pièce, invraisemblable, n’est pas très bonne : la veuve d’un homme richissime, ne supportant pas la ruine, doit se trouver un nouveau mari riche avant que le décès de son époux soit révélé, donc dans les deux jours. Évidemment, elle y parviendra ! Cette pièce, en réalité, ne tenait debout que par la caricature, que menait fort bien Jacqueline Maillan (je ne l’ai vue qu’à la télévision), laquelle bravait tous les ridicules, comme on l’a vérifié dans quatre films de Jean-Pierre Mocky. Fanny Ardant, elle, n’était faite que pour des films de François Truffaut (elle a eu un enfant de lui). Et puis, autre mauvaise idée car cela brisait le rythme du spectacle, on l’avait entrelardé de chansons qui n’existaient pas dans la version originelle.

Des huit interprètes d’hier soir, je ne connaissais que quatre : Pierre Rochefort, fils de Jean et de Nicole Garcia ; Bernard Menes, bon acteur de comédie et... deux fois candidat malheureux aux élections législatives à Paris ; Fanny Ardant ; et Jean-Baptiste Lafarge, autre bon acteur, qui a débuté en 2010 dans Les yeux de sa mère, son seul bon film, sous la direction de Thierry Klifa qui était hier soir le metteur en scène de la pièce, et où il jouait deux rôles très différents.

Je dois dire que Fanny Ardant a un peu dissipé la mauvaise impression que la pièce avait faite, en donnant une interview vue après le spectacle. La journaliste, cédant sottement aux clichés traditionnels, lui avait demandé si, en jouant du boulevard pour la première fois, elle ne se mettait pas « en danger ». La vedette a eu le bon sens de démentir cette sottise, en répondant que « les acteurs ne sont jamais en danger ». Jusqu’à ce soir, seule Béatrice Dalle avait osé rectifié cette croyance ridicule, dans un journal et à la télévision. Désormais, elles seront deux à l’avoir fait. On regrette qu’aucun acteur masculin n’ait encore eu ce cran.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

C
Si, y en a eu un mais il n 'est plus là , c'est Marcello Mastroianni qui avait un recul sur le métier de comédien plutôt unique . Si on a pu entendre certain interview :" On vous emmène en voiture au studio on vous demande si vous avez bien dormi, si vous avez bien fait le petit caca . etc.". Et ce, avec son délicieux accent...Una meraviglia !
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Y
Intéressant, je ne connaissais pas cette anecdote. Seule explication, il n’était pas français ! Mais Béatrice Dalle avait dit à peu près ça : que partout on la traitait comme une princesse.