À enfreindre sans modération

Voulez-vous que je vous dise ? Au nombre – voire au sommet – des personnages les plus ridicules de notre société décadente, je place les animateurs de radio-télévision. Plus lâches que ces fieffés imbéciles, dont je n’excepte aucun, je ne vois pas.

Figurez-vous que ces cuistres, chaque fois qu’ils citent à l’antenne une marque de vin, bon ou mauvais, ne manquent jamais, absolument JAMAIS, d’ajouter « À boire avec modération, évidemment ! ». Moralistes de pacotille, donneurs de leçons qu’ils sont les premiers à ne pas suivre, hypocrites patentés (je n’ajoute pas le célèbrissime « Boit-sans-soif » du capitaine Haddock, alors que ce serait en situation, attendu que les trois-quarts des membres de la corporation sont alcooliques) !

Pourquoi cette manie injustifiable et suprêmement agaçante ? Parce que le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, le très nuisible CSA, a décrété qu’ils devaient le faire, alors ils obéissent, ces cancres, comme si on devait les mettre au piquet s’ils oubliaient d’obtempérer. Vous croyez que les charlots du CSA écoutent vos exploits radiophoniques, qu’ils n’ont rien de mieux à faire que de surveiller vos moindres propos et d’en noter le détail sur leurs petits calepins, en vue de distribuer ensuite des heures de colle ? Ils sont bien trop occupés à digérer leur dernier gueuleton, invités qu’ils sont par des huiles ayant besoin d’une faveur.

Essayez, une seule fois, de manger la consigne. Que croyez-vous qu’il arrivera ? Rien ! Parce que nul ne s’en sera rendu compte, chers oracles infaillibles. Et, pour une fois, vous serez un peu moins grotesques.