Syntaxe, priez pour nous
Je le dis souvent, au risque de vous casser les pieds, elles me flanquent de l’urticaire, ces expressions qui tendent à faire passer pour plus cultivés qu’ils le sont les individus qui les emploient, et qui se feraient couper en rondelles plutôt que de parler le langage commun. Et là, je ne parle pas de l’argot, qui n’est PAS commun à tous, contrairement à ce que croient les gens de médias qui entrelardent leurs discours de termes comme flic, maton, prof’ ou instit’, lesquels ne sont que vulgaires et désobligeants. Est-ce que je les traite, moi, de journaleux ou de pisse-copie ? (Ah si, de temps en temps, excusez-moi)
Apparemment, il doit exister des officines où l’on apprend à « parler compliqué », c’est-à-dire mal. Par exemple, dans ces établissements de Hautes Études pour Cancres, on enseigne à ne plus utiliser les verbes et les adjectifs – et encore moins les adverbes, honnis de tous les critiques littéraires depuis qu’ils ont lu et compris de travers Les femmes savantes, troisième acte –, et à les remplacer par des noms, ce qui oblige à fabriquer des expressions où abondent les prépositions. Vous ne me suivez pas ? Alors, quelques exemples.
On ne dit plus que quelqu’un est capable d’accomplir une tâche, mais qu’il est en capacité de la faire. C’est généralisé, écoutez vos radio-télés, et admirez la légèreté de cette tournure.
On ne dit plus que quelqu’un est responsable de tel travail, mais qu’il est en charge de le faire. Je vous signale que c’est la traduction bêtement littérale d’une expression anglaise, to be in charge.
On ne dit plus qu’on est ému à l’audition de la Chanson de Solveig, mais qu’on est dans l’émotion. Ça vaut mieux qu’être dans la dèche.
On ne dit plus qu’on regrette un acte, mais qu’on est dans le regret. Ce doit être plus confortable.
On ne dit plus qu’on recherche tel objet, mais qu’on est en recherche de ce bidule. Au moins, là, on parle comme le Père Albert de France Inter.
Bien, je ne vais pas plus loin, vous avez compris. Je précise toutefois que je ne déteste pas l’anglais, car notre langue a beaucoup plus « envahi » cette langue que l’inverse, mais ici, je m’attaque au décalque de la syntaxe anglaise par les Français, qui équivaut à prohiber le langage usuel, et correct.
Quant aux anglicismes, je m’en occuperai un autre jour. Peut-être ce weekend, quand mon imagination sera au top et que j’aurai checké mes informations. Sans vouloir vous en faire le pitch, ce sera plus fun et plus cool, et j’espère avoir une standing ovation de mes followers.