Comment se ridiculiser à la radio

Publié le par Yves-André Samère

Je me suis fréquemment payé la tête de ces journalistes de radio-télé, incultes et bêtes comme leurs pieds, qui, lisant un terme qu’ils ne connaissent pas dans le texte qu’on leur donne à déchiffrer au micro, lui attribuent une prononciation ridiculement exotique, au lieu de s’en tenir à la prononciation française, en vertu d’un principe tout simple et facile à retenir : ne pas chercher midi à quatorze heures.

Ces mots pullulent dans notre vocabulaire, et sont de deux sortes : soit ils sont bien français (aiguiser, arguer, ananas, abasourdi, carrousel, dégingandé, pupille, juin, immanquable – n’est-ce pas, Bernard Guetta ? –, etc.) ; soit ils sont d’origine étrangère (toubib, burnous, patio, plaza, yacht, etc.). Mais enfin leur liste n’est pas aussi longue qu’un discours de Fidel Castro, et la connaître n’a rien d’une épreuve insurmontable.

De ce genre de ridicule, on a eu un exemple ce soir sur France Inter, au journal de sept heures. Un zozo dont je m’applique à ne PAS retenir le nom est tombé sur celui d’Alexandra David-Néel, célèbre à plus d’un titre : exploratrice, journaliste, écrivain, et... chanteuse d’opéra, sans que son patronyme soit sur toutes les lèvres, elle est tout de même très connue. Sauf du zozo dont je parlais plus haut. Peut-être le nom était-il écrit tout en majuscules, peut-être le journaliste-sic avait-il de la buée sur ses lunettes, toujours est-il qu’il a cru lire Neel au lieu de Néel. En conséquence, il a estimé que ce nom n’était pas très catholique et l’a prononcé à l’anglaise : Nil.

Pas de veine, Alexandra était bien française, et son nom se prononce comme il s’écrit : « né-elle ». Et le journaleux s’est ridiculisé devant la France entière. Mais comme une de ses collègues a lu ensuite un papier où elle n’écorchait pas le nom litigieux (peut-être aussi, depuis la cabine technique, le réalisateur a-t-il métaphoriquement remonté les bretelles du plouc), lorsqu’il a repris la parole, Madame Néel a récupéré son identité.

Ouf !

Mais pourquoi le chef d’antenne ne colle-t-il pas une amende aux coupables de pareilles bévues, qui reviennent chaque jour et à toute heure ? Un journaliste devrait posséder une pincée de culture. On n’a aucune fierté, chez les gens de radio ?

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
...une pincée de quoi?
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Y
Oui, je sais, le mot « culture » n’a aucun sens chez la plupart des gens de radio. Et quand ils entendent ce que cela veut dire, leur hiérarchie les vire de l’antenne, comme c’est arrivé à Philippe Meyer.