Lâcheté radiophonique
J’aime bien Albert Algoud. Il est cultivé, drôle, il ne craint pas, à l’instar des acteurs britanniques, de faire l’andouille, et il a écrit plusieurs livres sur Tintin et Hergé, comme sa « biographie non autorisée » de Bianca Castafiore, et son Dictionnaire amoureux de Tintin que j’ai lu récemment. Outre cela, il m’a rejoint en notant, dans son dernier article du « Canard » (page 7, article Frédérick Sigrist), que Fillon était « notre “Dark Mr Bean” », ce que j’avais remarqué ICI, quoique avant lui.
Cependant, et malgré cette estime que je lui porte, je suis bien forcé de reconnaître qu’aujourd’hui, il est tombé dans la banalité des bavasseurs de micro. J’explique.
L’émission à laquelle il participe sur France Inter, La bande originale, recevait aujourd’hui l’actrice Rachida Brakni, alias madame Cantona, qui a fait un film sur les prisons. Et la conversation tombe sur les réalisateurs de cinéma tyranniques. Or Albert prend la parole pour commencer une tirade... qui tourne court très vite, car il la conclut par le sempiternel “On ne va pas citer de nom”. Pourquoi ne pas citer de noms ? Il a peur qu’on lui fasse les gros yeux ?
C’est d’autant plus ridicule que cette manière de se dérober n’a aucune raison d’être, attendu que la plupart des tyrans visés sont morts : Bergman, Clouzot, Fellini, Stroheim, Preminger, Peckinpah, Pialat, Hitchcock, Bresson, Kubrick, Friedkin, Michael Curtiz, Fritz Lang. Chez les vivants, je ne connais guère que John Mac Tiernan, et Kechiche, mais tout le monde connaît déjà sa réputation !
Cette lâcheté est récurrente, dans les radios-télés. Elle rappelle furieusement celle qui caractérise ces journalistes, terrorisés à la perspective de dire carrément que tel politicard a REFUSÉ de répondre à une question, et qui préfèrent dire qu’il “n’a PAS SOUHAITÉ” répondre.
Parfois, on aimerait vivre en Angleterre, où l’on trouve de vrais journalistes, et des animateurs qui n’ont pas peur de mettre les pieds dans le plat, comme Sacha Baron Cohen.