Persister sans vraiment signer
Reconnaissons que si j’ai chaque jour plus de deux cents lecteurs, avec des pointes à plus de cinq cents comme en janvier, je tombe rarement sur des individus agressifs qui viennent ici pour me donner des leçons, comme ce type qui est venu la nuit dernière traiter de « minable » mon opinion qui ne lui avait pas plu, ou, naguère, cet autre qui estimait que j’étais « ignare ». Le premier, un peu parano et trop confiant dans sa prose, a rédigé un premier commentaire à une heure cinq, puis, vingt minutes plus tard, se plaignant que je n’avais pas encore validé son message, m’a engueulé et ajouté « peu me chaut » (l’équivalent du I don’t care, comme vous savez, tandis que l’Hortense de Feydeau aurait plutôt dit « J’m’en fous »). Mais comment donc, cher ami, je passe mes nuits à veiller pour guetter les remarques moralisantes et leur donner mon satisfecit ! D’autres dévident plutôt d’interminables leçons d’Histoire, parce qu’ils ont gobé la propagande en faveur de leur personnage favori, et me la resservent en espérant me faire avaler l’hameçon. Mais je ne suis pas si gourmand, et l’ami Stéphane Bern est nettement plus rigolo.
Je vais donc, pour les cinquante ou soixante années à venir, persister dans mes errements. Et, comme disait – à peu près – le cher Jean de La Fontaine, on ne peut contenter tout le monde et son père.