« Le restaurant d’en face »

Publié le par Yves-André Samère

L’une de mes innombrables petites manies, dont certaines, un jour, me conduiront certainement en prison (en fait, j’y suis DÉJÀ allé, mais ne comptez pas sur moi pour vous donner des détails, je déteste raconter des histoires vraies qui semblent invraisemblables), l’une de mes innocentes manies, donc, c’est de dénicher la preuve que des célébrités que l’on croit compétentes, en fait, ne le sont pas. Et, au premier rang de ces incompétents, je me fais un plaisir de ranger les scénaristes-dialoguistes de cinéma, simplement parce que je vois beaucoup de films et que je passe ma vie au cinéma. J’espère d’ailleurs finir comme Boris Vian...

Aujourd’hui, j’ai épinglé un de ces incompétents, en la personne de... Michel Audiard ! Une belle prise. J’ai en effet visionné un film qu’il a scénarisé et dialogué (avec Jean Boyer), et qui est assez connu : Garou-Garou le passe-muraille, d’après l’histoire de Marcel Aymé. Le film ne vaut pas grand-chose, les trucages sont ringards, mais on a le plaisir d’y voir Bourvil et Raymond Souplex.

Or Garou-Garou a le pouvoir de passer à travers les murs, comme l’annonce le titre, il a cambriolé quelques banques, on l’a arrêté, et il se retrouve à la prison de la Santé, à Paris. Évidemment, chaque soir, il s’évade, et il invite la femme qu’il aime dans un petit restaurant, mais, comme il a oublié de voler le portefeuille du directeur de la Santé, il lui téléphone de faire apporter de quoi payer l’addition. Or le dialogue dit à peu près ceci : « Je suis dans le restaurant d’en face ».

Tilt !

Je connais très bien la prison de la Santé (non, ce n’est pas là qu’on m’a flanqué au trou), et elle possède cette caractéristique de ne compter aucun restautant, aucun café, aucun endroit de ce genre dans les environs : le café le plus proche est à quatre cents mètres de là, sur le boulevard de Port-Royal – donc pas vraiment « en face ». Mais le cliché, au cinéma, lorsqu’on montre un type qui sort de prison, c’est de le montrer s’attablant d’urgence dans le café d’en face pour y boire un coup. Et le public gobe le détail, parce qu’il n’est jamais allé vérifier sur place et que les abords de la Santé ne sont pas folichons.

Cela rappelle un peu ce que j’écrivais hier sur ce que tout le monde croit vrai, et qui est faux. Vous voyez, je ne m’écarte pas de ma route ! Et je garde le droit de rigoler de tout.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

C
Dans " Laisse aller... c'est une valse " Je crois me rappeler qu'au début du film ,Jean Yanne sort de prison (laquelle ?) et va en face, dans un café ou l'on découvre Coluche en barman .Etait-ce la Santé ou Frennes ?
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Y
Attendu que ça ne pouvait pas être la Santé, qui n’a aucun « café en face », on peut supposer que c’était Fresnes. À vérifier.
K
A Fresnes, en face de l'entrée de la maison d’arrêt, il existe ou existait un troquet, nommé "ici mieux qu'en face". J'y passais souvent en étant gamin et cela me faisait toujours sourire.
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Y
Sans doute, mais, dans le film dont je parlais, cela se passe bien à la prison parisienne de la Santé. Là, pour atteindre un café depuis la sortie de la prison, on doit suivre la rue de la Santé vers le nord et marcher sur 475 mètres. Cela doit faire sourire un peu moins.