« The boat that rocked »

Publié le par Yves-André Samère

Demain dimanche, la chaîne Arte diffusera un excellent film que je vous recommande. Non, je ne suis pas en train de piétiner la règle que je me suis imposée, de ne pas faire ici de la critique de films. Vous allez comprendre.

Ce film est britannique, il a été réalisé en 2009 par Richard Curtis sur un scénario de lui-même, et c’est une comédie où il est beaucoup question de musique. Attention, ce n’est PAS une comédie musicale ! Dans une comédie musicale, les personnages chantent ou dansent ; ici, ils se contentent de parler de musique et de diffuser de la musique. En effet, l’histoire se situe à une époque où naissaient les radios pirates, qui diffusaient de la musique contemporaine sans payer aucun droit aux auteurs et aux éditeurs. Je rappelle que Mitterrand himself avait fait l’objet d’une plainte en justice pour avoir participé à une de ces émissions pirates, mais il n’est jamais passé devant un tribunal. Lorsque la police avait assiégé l’immeuble où officiaient les odieux criminels, il s’était sauvé par le toit (absolument authentique). Par la suite, ces radios non officielles ont été absorbées par de grands groupes, uniquement soucieux de faire du fric, elles ont donc disparu.

L’histoire du film est celle d’une radio pirate britannique, fabriquée par des passionnés de rock and roll, qui s’était installée sur un bateau, en dehors des eaux territoriales de la Grande-Bretagne, et ne pouvait donc pas être poursuivie légalement. Cette histoire est basée sur celle de la très réelle Radio Caroline – qui n’existe plus. Mais le gouvernement de Londres voulait la peau de ces énergumènes, et réussissait dans le film à couler le bateau, à la grande indignation des nombreux auditeurs frustrés. Je vous laisse voir la fin...

Pourquoi je vous en parle ? Parce que ce film est sorti sous un titre à double sens, The boat that rocked, ce qui signifie à la fois « Le bateau qui tanguait » et « Le bateau qui passait du rock ». Or les distributeurs français, comme toujours, ont estimé que ce serait trop compliqué pour ces crétins de Français, et ont rebaptisé le film en plagiant le titre d’un autre film, qui avait eu un grand succès, Good morning Vietnam, dans lequel Robin Williams tenait le rôle d’un animateur de radio ; mais pas d’une radio pirate, bien au contraire, puisqu’il s’agissait de la très officielle radio de l’armée des États-Unis à l’époque où elle dispensait son œuvre civilisatrice en Indochine, auprès des niacoués aux yeux bridés et à la face de citron. Si bien que The boat that rocked est devenu en France Good morning England, et c’est ce titre qui apparaît dans vos journaux. Il y a peu de chance que le titre réel apparaisse sur votre écran, puisque même le DVD a été censuré. Comble de ridicule, les Anglais ont suivi ce bel exemple, fait de même, et rebaptisé leur propre film Pirate radio ! La bêtise est contagieuse, on le sait.

À noter que le très riche programme de morceaux ne comprend aucune chanson des Beatles. Le film racontait une histoire de radio pirate, mais n’était pas un film pirate ! Or il aurait fallu payer les droits de diffusion aux Beatles, et... ils étaient trop cher.

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