Une canaille à l’Élysée
Non, mon titre ne vise pas Macron...
Il est évident pour tout le monde que le dernier président (mal) élu aux États-Unis est un fou et un incapable. Hier, j’ai feuilleté à la FNAC un livre qui recense une quantité de citations reprises de ses propos, tous publics, et je vous assure que c’est édifiant. Ils n’ont pas l’équivalent de Sainte-Anne, aux États-Unis ? À moins que la Maison-Blanche ait été reconvertie en établissement de santé psychiatrique... Par exemple, le Taré a dit que, s’il flinguait quelqu’un dans la rue, il ne perdrait pas un seul électeur (il se trompe, ce serait vrai pour la reine Elisabeth, qui du reste n’a pas d’électeurs, mais pas pour lui). Il a aussi clamé qu’il était plus intelligent que tout le monde, ce qui est tout à fait évident.
Cela dit, on a beaucoup glosé sur le fait que Macron a invité ce dangereux crétin pour le 14 juillet prochain. On le verra donc admirer le défilé militaire sur les Champs-Élysées, à notre grande fierté. Vous vous doutez bien que Jupiter ne l’a pas convié pour le seul plaisir de lui broyer la main une seconde fois, car il n’est pas homme à humilier les gens, pas même son prédécesseur à l’Élysée, mais Brigitte a dû lui faire observer qu’on pouvait colorer l’invitation avec un prétexte plus subtil. Donc, Macron feint de croire que cette deuxième entrevue, dont on espère qu’elle ne sera que la seconde, a surtout pour but de commémorer le centenaire de je ne sais trop quoi dans l’Histoire commune aux deux pays. Moi, je veux bien, et, après tout, son futur invité n’a encore tué personne, sinon le sens commun et l’intelligence politique.
Or on a vu bien pis, et je m’étonne qu’aucun chroniqueur dans les médias n’ait osé rappeler cet évènement pourtant assez connu : en 1987, Mitterrand, président de la République française, a fait la même invitation à destination d’Hissène Habré, président du Tchad. Or cet Habré avait été dans son pays l’un des deux opposants, avec Goukouni Oueddeye, au président en titre, François Tombalbaye, et tous deux successivement ont été à leur tour présidents et dictateurs du Tchad, après la mort de leur ennemi. Or Habré, quand il était dans la clandestinité, avait enlevé et retenu en otage pendant trente-trois mois une ethnologue française, Françoise Claustre, qui faisait dans le pays des recherches pour son travail. Il exigeait de la France, pour la libérer, une grosse somme d’argent, et des armes de guerre. Le président français de l’époque, Giscard, lui avait envoyé un négociateur, le commandant Galopin, et Habré... l’avait fait fusiller !
Donc, résumons : Habré était un preneur d’otage, un tortionnaire et un assassin, parvenu au pouvoir grâce à un coup d’État.
Voià donc quel homme Mitterrand a jugé bon d’inviter aux cérémonies de la Fête nationale, à Paris. On a les invités qu’on mérite, et si je mentionne souvent que Mitterrand était une canaille et que les socialistes ont grand tort de le prendre constamment pour modèle (il en a fait bien d’autres !), ce n’est pas sans raison. Rappelons tout de même qu’il n’est pas d’usage qu’un chef d’État étranger assiste à cette cérémonie, et que ce rarissime honneur avait été refusé, quatre ans plus tard, au président des États-Unis, George Bush père, qui avait souhaité saluer les troupes françaises ayant participé à sa Guerre du Golfe.