Catalogne indépendante ?
Je n’ai encore rien écrit sur le désir (ardent, on l’espère) des Catalans : quitter l’Espagne et accéder à l’indépendance de leur province, qui, du coup, deviendrait une nation. Or je ne suis pas favorable à cette sécession, pour quelques raisons évidentes. Et certes, je n’ai guère de sympathie pour le gouvernement de droite installé à Madrid, mais il s’agit d’autre chose.
La première raison est que je ne juge pas utile de multiplier les nations qui s’entassent sur la Terre, surtout quand cela débouche sur de mini-États qui ne seront pas forcément viables. Et les quelques principautés qui se bousculent notamment en Europe (Monaco, Lichtenstein, Andorre, Malte) sont incapables de se passer de leurs voisins. Mais enfin, je ne défendrais pas ce point de vue avec acharnement, car il est subjectif.
Pas moins subjectif, mais d’ordre moral, c’est le fait que l’intention plus ou moins cachée des Catalans me paraît se résumer à ceci : nous vivons dans la région la plus riche d’Espagne, et n’avons aucune envie de partager avec les autres ! Belle mentalité, qui me rappelle un ou deux prétextes comme :
- le refus des habitants du seizième arrondissement de Paris, qui ne voulaient pas voir édifier « chez eux » un refuge pour les émigrants. Naturellement, ils ne l’ont pas dit aussi crûment. Ces braves tartuffes ont su colorer leur refus d’un argument imparable, qui tient aussi en une phrase : la vie est trop chère ici pour ces pauvres gens, ils seraient bien mieux dans un autre arrondissement, comme le douzième ou le dix-neuvième. On ne les a pas écoutés, et les émigrants se sont bel et bien installés à deux pas du Bois de Boulogne. La vie est dure pour les bourgeois.
- le fait que, si vous êtes mal habillé ou trop âgé, et que vous désiriez entrer dans une boîte de nuit à la mode, vous serez probablement éjecté par le videur, d’une seule phrase : « Je regrette, ça va pas être possible ! ». Après tout, le brave type fait ce qu’il veut, et tout le monde brûle du désir d’être un dictateur au petit pied.
(Je précise que je n’ai jamais tenté de m’introduire dans une boîte de nuit gardée par un de ces sympathiques cerbères, n’ayant rien à faire dans ces cavernes ; alors même que deux des plus connues se trouvent à deux pas de chez moi. Donc, rien de personnel dans tout cela)