Détester Marrakech, indice qu’on a du goût

Publié le par Yves-André Samère

C’est marrant, je ne suis allé que deux fois à Marrakech, et je découvre aujourd’hui que Charb avait eu (il est mort, je le rappelle) la même réaction que moi : il détestait ce piège à touristes.

La première fois, j’avais eu l’inconscience d’y aller seul, et je n’y suis resté que quarante minutes. Je ne mens pas, c’est authentique. Très vite, j’ai trouvé insupportable d’être assailli par de faux guides qui vous proposent la visite de la ville – hideuse, soit dit en passant, elle vous fait regretter de n’être pas plutôt allé passer un weekend à Béthune ou à Sainte-Foix-la-Grande. Avec cela, ces escrocs vous proposent toutes sortes de bonnes affaires : des tapis authentiques (fabriqués par de petites filles de six ans, cloitrées et qui ne verront jamais le jour, ce qu’a dénoncé Souheil Ben Barka, le neveu de l’autre, dans son premier film, Mille et une mains, en 1973, avant de se faire acheter par le Pouvoir royal, qui en a fait le directeur du Centre marocain du cinéma, afin de le faire taire). Mais on ne tente pas seulement de vous fourguer des tapis, puisqu’on trouve les mêmes en moins cher à Paris, on essaie aussi de vous vendre des filles, ou des garçons si vous préférez – la spécialité de la ville. Les curiosités touristiques du patelin, au nombre de quatre, vous pouvez les visiter en une matinée, avant de fuir à jamais cet enfer pour ploucs.

Mais autre chose m’avait frappé : la place centrale de la ville, c’est la Place Jemaa el-Fna, où stationnent tous les autocars qui viennent y vomir leurs cargaisons de touristes. L’endroit est si moche qu’à peine revenu chez moi, dans un autre bled pas touristique pour un dirham, j’avais écrit un billet destiné à un journal local, où je traitais le lieu de « parking à autocars », et le journal l’avait publié. Eh oui, j’ai été publié dans un canard marocain ! Or Charb, à la page 38 de son pamphlet Nouveau traité d’intolérance, dit ceci : « La place Jemaa el-Fna, c’est un parking où tu peux même pas garer ta voiture ». Je ne crois pas aux miracles, donc il n’a pas pu lire ma prose.

Reste à conclure que les grands esprits se rencontrent...

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

K
Seuls les vendeurs de jus d'orange, frais et pas cher ( le jus, pas les vendeurs) m'ont laissé un bon souvenir. Le reste est effectivement un piège à gogos à l'échelle d'une ville.
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Y
Et ça marche, vu le nombre de touristes qui viennent se faire plumer !
C
Pourtant , c'est là que Gélin meurt au pied de James Stewart , comme quoi un très bon film peut se passer dans un endroit moche . Tout çà pour dire que je dois à Chabrol d'avoir découvert Sarlat , et je l'en remercie d'autant que " le boucher " est un bon film aussi .
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Y
Son meilleur film, selon moi.