Hommage à Elmyr de Hory
Hier après-midi, vous auriez pu voir sur Arte – et télécharger avec Captvty – un documentaire intéressant sur Elmyr de Hory, où il est qualifié de « faussaire du siècle », ce qui n’est pas tout à fait exact. Né à Budapest, Elmyr, qui s’est fabriqué un pseudonyme aristocratique, avait étudié la peinture, et il s’est révélé génialement doué, capable d’imiter le style de n’importe quel grand peintre, mais, contrairement à ce font les faussaires, il n’a jamais imité le moindre tableau existant : il peignait des originaux « à la manière de », avec une sûreté extraordinaire, et très rapidement. Ensuite, il les vendait, bien entendu !
J’ai connu l’existence d’Elmyr, d’abord via le livre Tableaux de chasse, écrit par Roger Peyrefitte, qui est en fait une biographie de Fernand Legros, véritable salopard qui ne peignait pas, mais qui vendait des tableaux... peints par Hory. Peyrefitte béait d’admiration devant cet escroc milliardaire, qui d’ailleurs a fini en prison. Il faut dire que cet écrivain extrêmement surfait était à la fois vaniteux (il se prenait pour le seul auteur français capable d’écrire parfaitement, ce en quoi il se trompait puisque j’ai trouvé chez lui des fautes de français), sans scrupules (il révélait les secrets de toutes les personnalités qu’il pensait juives, ou homosexuelles, y compris le pape Paul VI), et d’une surprenante étroitesse d’esprit. Autre source, un film d’Orson Welles sorti en 1973, F for fake ou About fakes (en français, Vérités et mensonges), dans lequel Hory sert de point de départ d’un film assez illusionniste, où Welles lui-même trompait ses spectateurs ! Comme quoi, à faussaire, faussaire et demi...
Aujourd’hui, Elmyr, mort à Ibiza en 1975 (il s’est suicidé avec un mélange d’alcool et de barbituriques, après une longue persécution par Legros) est célèbre, et ses tableaux sont exposés et recherchés. Ce type était un artiste de génie. Soit dit en passant, nombreux sont les artistes possesseurs de l’estampille officielle qui ont eux aussi peint de faux tableaux ! Et le « saint » suaire de Turin, vous croyez vraiment qu’il est authentique ?
Notons en passant qu’aujourd’hui sur RTL, dans l’émission de Stéphane Bern, le nommé Cyprien Cini a fait une chronique de plus de quatre minutes, dont le sujet était précisément les faussaires de l’art. Or, pas une fois il n’a cité le nom d’Elmyr de Hory, et aucun de ses acolytes dans l’émission n’y a non plus fait la moindre allusion. C’est fou ce qu’on est cultivé, sur RTL, qui se vante d’être « la première radio de France ». Sic. Il est vrai que RTL vient d’être racheté par M6. Tout s’explique.