Deux clichés dans les séries télévisées
Hier soir, j’ai regardé sur France 2 La nuit de la Lune rousse, un épisode de la série Capitaine Marleau, qui datait un peu, puisqu’il a déjà été diffusé le 28 mars 2017 – alors que, scandale, il était d’abord passé en Suisse le 14 mars de la même année, comme cela arrive très souvent avec les feuilletons télévisés français. Mais peu importe.
J’ai surtout noté que les trois dialoguistes, Sylvie Granotier, Elsa Marpeau et Sonia Moyersoen, ne s’étaient pas fait une entorse au cerveau, car j’ai repéré deux perles dans leur copie. La première (entorse, pas dialoguiste) m’a rappelé ce que j’avais écrit ICI la veille, sur ce redoutable cliché, « Je dis ça, je dis rien ». Il faut croire qu’en un an, ce truc n’est pas encore passé de mode.
L’autre cliché est à la fois plus ancien et persistant, car il est employé par les auteurs de romans et de nouvelles policiers, que tout le monde a rencontré un jour ou un autre. On y voyait un médecin légiste qui examinait le corps d’une victime d’assassinat, et concluait que la mort avait eu lieu « à deux heures et huit minutes ». Étonnement général : comme parvenir à une telle précision ? Élémentaire, mon cher Watson : en tombant, la victime a cassé sa montre, qui s’est arrêtée, et les aiguilles indiquent cette heure-là. Je ne sais pas combien de fois j’ai lu ce détail ridicule dans des romans policiers, certainement plus d’une centaine de fois, et je me demande comment les lecteurs de ces romans peuvent gober une astuce de ce calibre. Avant de renoncer à cet esclavage de l’heure, j’ai longtemps porté une montre-bracelet, une très belle Tissot qui avait la particularité de posséder un cadran gradué en vingt-quatre heures, et qui a subi des dizaines de chocs chaque fois que je la laissais tomber, puisque je suis aussi maladroit que Pierre Richard dans ses films. Or jamais elle ne s’est arrêtée à l’heure de sa chute !
(J’aurais dû essayer à Berlin, où les « chutes » sont renommées).