Chronothérapie
Comme vous êtes tous devenus des as de l’éthymologie, vous avez interprété mon titre exactement dans le sens que j’entendais en l’écrivant. Je vous approuve ! Si vous tapez ce mot dans Google, vous serez renvoyés vers un tas de sites qui vous feront croire que cette technique est une « discipline récente qui consiste à étudier l’administration de médicaments selon les rythmes biologiques pour améliorer l’efficacité et/ou minimiser les effets indésirables ». Justification de ce charabia qu’avancent les gens sérieux : le cycle des cellules serait influencé par l’heure où vous prendriez vos médicaments.
Balivernes !
Éthymologiquement, chronothérapie signifie en réalité l’art de se soigner en laissant faire le temps – Mitterrand aurait approuvé. Et j’applique en ce moment cette méthode. En effet, il y a huit jours, je suis tombé dans un cinéma : j’avais raté ma descente d’un escalier, mon bras droit a heurté violemment le rebord d’une marche, je n’ai ressenti aucune douleur, mais, une heure plus tard, je me suis aperçu que mon avant-bras droit avait gonflé jusqu’à me faire ressembler à Popeye (pas de symétrie, hélas, c’était à droite seulement), ce que ma pharmacienne a qualifié d’œdème. Puis, dans les jours suivants, est apparu au même endroit un hématome (un « bleu », quoi) tellement étendu – trente centimètres de long – qu’on croirait à un maquillage pour film d’horreur. Faute de pouvoir atteindre un médecin en plein weekend, j’ai montré ladite horreur à un infirmier, qui m’a tranquillisé : cela va passer avec le temps. D’où le titre du présent article.
Mais, tout de même, la fréquence de mes chutes, même si je ne tente plus de monter à bicyclette, m’a un peu ennuyé. Et comme j’ai appris en physique que le fait de tomber vient de ce que la verticale passant par notre centre de gravité tombe en dehors du polygone de sustentation (ça va, vous suivez ?), j’ai décidé d’augmenter la surface dudit polygone, et j’ai acheté une canne, qui me sert désormais de troisième jambe. Avec trois points d’appui pour définir le fameux polygone, me voilà tranquille : si je tombais à nouveau, ce serait une insulte pour la physique (et pour mon physique, conséquemment).