Ce qui nous fait pleurer

Publié le par Yves-André Samère

Le site slate.fr, que je lis de temps en temps, publie ce matin un article de Margaux Leridon intitulé Pourquoi les livres nous font moins pleurer que les films. Le raisonnement de la brave Margaux est tout à faite basique, et les philosophes qu’elle cite le sont tout autant : un livre, on peut le laisser de côté et le reprendre plus tard ; un film vous oblige à le regarder en entier ; et surtout, le cinéma est « immersif », comme il faut dire aujourd’hui, donc le spectateur ne peut guère se défendre, le pôvre.

Eh bien, j’avoue à ma grande honte que je n’ai jamais pleuré, pas plus en visionnant un film qu’en lisant un livre ! Pourtant, à mon actif, j’ai des milliers de films et de livres, lus et vus, et je reste neutre quant aux larmes qu’ils seraient capables de me tirer.

Alors, oui, avouer un tel degré d’indifférence fait de moi un monstre sans cœur, qui ne réagit pas en honorable être humain à la mort de la mère de Bambi, pas plus qu’aux malheurs d’Oliver Twist. Mais je me demande si tous les gens qui portent leurs sanglots en étendard sont à ce point sincères. Par ailleurs, j’ai tort de toujours dire la vérité. Si on apprend cela en haut lieu, c’est moi qu’on enverra moisir sur la paille humide des cachots, plutôt que Benalla, qui n’y est pas encore et n’y sera probablement jamais, ou que Jérôme Kerviel, qui ne l’a connue que durant une petite centaine de jours, si je ne me trompe pas.

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